Il est vrai qu’il y a quelque chose de galant dans les Ouvrages de Molière, et je serais bien fâché de lui ravir l’estime qu’il s’est acquise : il faut tomber d’accord que s’il réussit mal à la Comédie, il a quelque talent pour la farce, et quoiqu’il n’ait ni les rencontres de Gaultier-Garguille, ni les Impromptus de Turlupin, ni la Bravoure du Capitan, ni la Naïveté de Jodelet, ni la Panse de Gros-Guillaume, ni la Science du Docteur, il ne laisse de plaire quelquefois, et de divertir en son genre : il parle passablement Français ; il traduit assez bien l’Italien, et ne copie pas mal les Auteurs : car il ne se pique pas d’avoir le don d’Invention, ni le beau Génie de la Poésie, et ses Amis avouent librement que ces Pièces sont des « Jeux de Théâtre, où le Comédien a plus de part que le Poète, et dont la beauté consiste, presque toute dans l’action » : ce qui fait rire en sa bouche, fait souvent pitié sur le papier, et l’on peut dire que ses Comédies ressemblent à ces femmes qui font peur en déshabillé, et qui ne laissent pas de plaire quand elles sont ajustées, ou à ces petites tailles, qui ayant quitté leurs patins, ne sont plus qu’une partie d’elles-mêmes.
Ceux, qui de plein gré, se mettent dans l’occasion prochaine de péché, ou qui ne veulent pas la quitter, en sont coupables : « celui qui aime le péril , dit l’Esprit St, y périra ; non seulement dans ce sens, qu’à force de s’y exposer, on y succombe enfin ; mais encore, suivant l’interprétation de l’Eglise & des Saints, en matiere de péché, s’exposer au danger prochain de le commettre, c’est s’en rendre coupable. […] C, une proposition, qui ne faisoit pas une obligation de quitter l’occasion prochaine de pécher, lorsqu’il y avoit quelque raison d’utilité, ou quelque motif honnête de ne le pas faire 1 Nous venons cependant de voir, que l’Eglise a toujours regardé, & regarde encore nos spectacles, comme des occasions prochaines de péché.