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27. (1707) Réflexions chrétiennes « Réfléxions chrétiennes, sur divers sujets. Où il est Traité. I. De la Sécurité. II. Du bien et du mal qu’il y a dans l’empressement avec lequel on recherche les Consolations. III. De l’usage que nous devons faire de notre temps. IV. Du bon et mauvais usage des Conversations. Par JEAN LA PLACETTE, Pasteur de l’Eglise de Copenhague. A AMSTERDAM, Chez PIERRE BRUNEL, Marchand. Libraire sur le Dam, à la Bible d’Or. M DCCVII — Chapitre XII. Du temps que l’on perd à la Comedie, et aux autres spectacles de même nature. » pp. 269-279

Tout le Christianisme nous oblige à nous élever au dessus de ces facultés grossieres, et à nous conduire, non par leurs impressions, mais par la plus pure lumiere de la verité, qui n’est nulle part si vive que dans la parole de Dieu. […] En gros l’un des plus justes, et des plus raisonnables soins que nous puissions prendre, est celui de nous rendre maîtres de nos passions, quelles qu’elles soient, de les mortifier, de les réprimer, de les étouffer mesme, si nous le pouvons, et de nous mettre dans un tel état, que nous nous conduisions, non par ces mouvemens brutes et aveugles, mais par la pure lumiere de la foi, et de la raison.

28. (1845) Des spectacles ou des représentations scéniques [Moechialogie, I, II, 7] pp. 246-276

Purgez et épurez le théâtre, dépouillez-le de tout le prestige des passions et des intrigues érotiques, et réduisez-le à l’expression pure du beau, du grand, du sublime, du généreux ; dès-lors les spectacles, aux yeux de la multitude, perdront tout leur intérêt et le théâtre restera désert : preuve donc que les représentations scéniques, prises dans leur ensemble comme elles se font aujourd’hui, sont évidemment blâmables et doivent par conséquent être généralement interdites aux chrétiens, qui n’y rencontrent ordinairement que des occasions de chute et des périls évidents et certains. […] « Il faut fuir les spectacles profanes, les comédies…, dit le rédacteur des Conférences d’Angers ; ce sont des écoles de coquetterie et de libertinage, où la vertu la plus épurée n’est pas en sûreté, et d’où l’on sort toujours moins pur qu’on y est entré. […] D’autres affirment imperturbablement qu’ils ne voient dans les spectacles aucun danger pour eux, qu’ils sortent du théâtre aussi purs qu’ils y sont entrés, et que leur vertu n’en reçoit la moindre atteinte ; étrange illusion ! […] Il ne faut voir là que le pur effet d’une dureté ou d’une grande insensibilité de conscience. […] « Quia tunc daretur ratio sufficiens peccatis aliorum sic remotè cooperandi et cuidem periculo se exponendi. » C’est d’après cela, ajoute-t-on, qu’il est permis d’aller aux spectacles non obscènes, aux femmes mariées, pour ne pas déplaire à leurs maris qui exigent d’elles cette complaisance ; aux domestiques, pour servir leurs maîtres ou leurs maîtresses ; aux enfants, sur l’ordre de leurs parents ; aux magistrats et aux gens de police, pour le maintien du bon ordre ; aux rois et aux princes, afin de se concilier l’affection de leurs sujets ; aux hommes de cour, qui sont obligés d’accompagner le prince, etc., pourvu que toutes ces personnes aient une intention pure et ne consentent à aucune délectation charnelle.

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