/ 234
222. (1781) Lettre à M. *** sur les Spectacles des Boulevards. Par M. Rousseau pp. 1-83

Il me suffit de vous dire, que les atteintes cruelles portées à la pudeur, dans tous ces Spectacles subalternes ; que les leçons que l’on y donne, chaque jour, répétées par leurs sauteurs & adhérens, ont multiplié de moitié, depuis douze à quinze ans, le nombre des femmes galantes, & des libertines qui se traînent aujourd’hui sur le pavé de la Capitale : exemple funeste, exemple destructeur, qui exerce ses ravages jusques dans les Provinces les plus éloignées ; car vous n’ignorez pas, Monsieur, que l’exemple de la bonne ville de Paris, a une influence immédiate sur les mœurs, comme sur le costume de tout le Royaume. […] La pudeur, la propreté, la modestie, faisaient, au tems dont je parle, tous les frais de la toilette des épouses, des meres, & des jeunes filles ; le luxe y était presque inconnu.

223. (1647) Traité des théâtres pp. -

Et de fait, qui voudra reconnaître de bonne foi ce qui se voit là tous les jours, sera nécessité d’avouer que la licence y est en son règne, et que ceux qui ont dessein de cajoler de jeunes filles, en ménagent les occasions pour les aller là entretenir ; et peu à peu, par leurs approches, et en leur disant de bons mots sur ce qui se représente, les accoutument à ouïr le tout sans que la rougeur leur en monte au front, afin qu’ayant banni la pudeur, qui est la gardienne de l’honnêteté, enfin ils les tirent à leur désir. […] Or quand le Chrétien répond à son tour, il ne le contredit point sur le fait, et tant s’en faut lui en passe aveu, seulement il lui soutient, qu’en usant ainsi, ils étaient fondés en droite raison. « Nous voulons (dit-il) qu’on juge de nous par nos mœurs, et par la pudeur.

/ 234