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59. (1662) Pédagogue des familles chrétiennes « Instruction chrétienne sur la Comédie. » pp. 443-453

y eut de leur temps un Sempronius Philosophe, qui répudia sa femme pour avoir été à ces jeux et spectacles publics, dont la Comédie a toujours tenu le premier rang, et les Empereurs ont aussi permis le divorce pour pareille cause. […] ordonna qu’on les exposât aux bêtes féroces, et par tout le droit Romain ils sont déclarés infâmes, c’est-à-dire, indignes d’être reçus en témoignage, ni d’exercer Offices publics. […] Il est presque aussi grand que celui des Acteurs, qui ne paraîtraient pas en public, s’ils n’y étaient attirés par ceux qui les entendent, et dont ils regardent plus l’argent, que tout autre chose. […] Ce n’est qu’un exercice honnête pour les rendre plus hardis et capables de parler en public, selon les Emplois que la Providence et leurs parents leur pourra donner. […] C’est que ces jeunes gens ne seront mis en ces Jeux, qu’une fois ou deux pendant le cours de leurs études : Ce qui pris tout ensemble ne peut produire aucun mauvais effet comparable à ceux des Comédiens publics.

60. (1731) Discours sur la comédie « Lettre Française et Latine du Révérend Père François Caffaro, Théatin ; à Monseigneur L’Archevêque de Paris. Imprimée à Paris en 1694. in-quarto. » pp. -

C’est, Monseigneur, ce qui me fait prendre la liberté d’écrire à VOTRE GRANDEUR vous reconnassant pour mon Juge né et d’institution divine en matière de Doctrine, comme vous l’êtes aussi de tout le Troupeau qui vous est confié, dont je me fais honneur d’être, et auquel le saint Esprit vous a donné pour Pasteur, établi par Jésus-Christ même, et me tenant par cette raison obligé de faire cette déclaration de mes sentiments entre vos mains, pour la rendre publique sous votre autorité, si vous le jugez convenable. […] Je fis il y a dix ou douze ans un écrit Latin sur la Comédie, où sans avoir mûrement examiné la matière, et par une légèreté de Jeunesse, je prenais le parti de la justifier, de la manière que je me figurais qu’elle se représentait à Paris, n’en ayant jamais vu aucune, et m’en faisant, sur les rapports que j’en avais ouï, une idée trop favorable, et je ne puis que je ne reconnaisse à ma confusion, que les principes et les preuves qui se trouvent dans la Lettre qui s’est donnée au public sans ma participation, sont les mêmes que dans mon écrit particulier, quoi qu’il y ait quelques endroits de différents entre les deux, où l’Auteur de la Lettre dit ce que je ne dis pas, et parle autrement que je ne fais moi-même dans mon écrit, comme en ce qu’il apporte sans raison en faveur de la Comédie, votre silence sur sa représentation, Monseigneur, pour en inférer un consentement et une approbation tacite de votre part, ce que je n’ai point fait dans mon écrit, où je ne dis rien du tout qui puisse regarder personnellement V. […] Je ne puis disconvenir qu’à comparer la Lettre avec mon écrit, il ne soit visible qu’elle en est tirée presque de mot à mot, et que par là ce que j’ai fait avec précipitation a donné malheureusement et contre mon dessein, ouverture à cette Lettre; Je n’ai jamais fait état d’imprimer mon écrit : il n’était pas composé avec assez d’exactitude pour prétendre le rendre public ; je ne m’étais pas assez instruit du sujet que j’y traitais, ni des autorités que j’apportais ou pour ou contre, entre autres de celle de S. […] C’est ce manque d’attention et de réflexion qui m’avait engagé à prendre dans mon écrit particulier, et que je n’ai jamais voulu rendre public, la défense de la Comédie. […] Je suis très convaincu après avoir examiné la chose à fond, que les raisons qu’on apporte d’un côté pour excuser la Comédie sont toutes frivoles, et que celles qu’a l’Eglise au contraire sont très solides et incontestables, quand elle met les Comédiens au nombre de ceux à qui elle refuse dans la maladie le Viatique, à moins qu’ils ne réparent le scandale qu’ils ont donné au public, en renonçant à leur profession, et qu’elle ne les veut pas admettre à recevoir des Ordres, s’ils s’y présentaient.

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