Ecoutons ce singulier raisonnement du divin Platon, il prouve que je n’ai point tort de prétendre qu’ils la regardaient comme l’unique source de la sagesse & du maintien du bon ordre : « Toute nouveauté introduite dans le chant, est suivie d’un changement dans l’Etat, & l’on ne saurait toucher aux loix de la musique sans toucher aux loix du Gouvernement » : ceci est-il formel ? […] Faits tirés de l’Histoire, qui prouvent l’estime qu’on fesait autrefois de la Musique. […] Les gens sensés chez les Grecs, (ainsi que le prouve particulièrement le passage de Plutarque que je viens de citer,) trouvaient qu’une musique trop tendre, trop éfféminée, était très-pernicieuse ; on ne pouvait même s’empêcher de détester à Athènes un nommé Phrynis, qui amolit, dit-on, la musique ancienne.
Il me paraît, au reste, que cette Tragédie prouve la probabilité du sentiment que j’ai proposé, au sujet de la catastrophe dans l’examen de la Tragédie de Géta. […] On pourrait donc en conclure que la passion d’amour de la Tragédie de Jugurtha ne doit inspirer aux Spectateurs que de la compassion, et que la compassion est plus propre à corrompre qu’à corriger : j’en conviens, et même je tâcherai de le prouver dans l’examen du Cid ; mais le cas me paraît très différent.