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34. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  CHAPITRE VIII. Dans quelle Nation la Poësie Dramatique Moderne fit-elle les plus heureux progrès ? » pp. 203-230

Feijoo pour la sienne, qui lui fait dire que Rome n’a produit qu’un Ciceron, au lieu que l’Espagne a produit deux Seneques, & que si tant de personnes mettent Virgile au dessus de Lucain, ce n’est qu’à cause que Lucain étoit Espagnol, & que toutes les autres Nations sont envieuses de la gloire de l’Espagne. […] Riccoboni n’est pas plus favorable à sa Nation, lorsque dans son Histoire des Théâtres, il dit : Tout ce que les Italiens ont fait de mieux en 250 ans en fait d’Ouvrages Dramatiques, ne peut être comparé à ce que la France a produit en 70 ans, & parmi le grand nombre de Tragédies Françoises, qui traduites en Italien ont été si bien reçues en Italie, il y en a beaucoup qui n’ont été représentées qu’une fois ou deux à Paris, c’est-à-dire, que ce que nous rejettons peut encore être bien reçu en Italie. […] Ce récit peu favorable à la Mérope Italienne, & le jugement qui en est porté dans les Observations de l’Abbé Desfontaines, dans celles de Lazarini imprimées à Rome en 1743, & dans une Lettre écrite à M. de Voltaire qui se trouve dans ses Œuvres, fera demander pourquoi une Piéce qui produisit si peu d’effet à la Représentation, & dans laquelle les Critiques ont relevé tant de défauts, fut quand elle parut, si vantée par les Gens de Lettres de l’Italie, & même parmi nous. Elle parut écrite & conduite plus naturellement que toutes celles que l’Italie avoit encore produites, & c’est par cette raison que l’Abbé Conti place à cette Piéce l’époque du bon goût du Théâtre de sa Nation.

35. (1759) Lettre de M. d'Alembert à M. J. J. Rousseau « Chapitre » pp. 63-156

La règle, ce me semble, est vraie, mais elle a le défaut d’être mal énoncée ; et c’est sans doute par cette raison qu’elle a produit tant de disputes, qu’on se serait épargnées si on avait voulu s’entendre. […] Si elle n’en a pas de plus marqués, croyez-vous que la morale réduite aux préceptes en produise beaucoup davantage ? […] que l’avarice des pères produit la mauvaise conduite des enfants ; enfin dans toutes, cette vérité si utile, que les ridicules de la société y sont une source de désordres. […] Il me semble que le sujet et les détails de la pièce, que le sentiment même qu’elle produit en nous, prouvent le contraire. […] Il me semble qu’ils doivent produire sur tous les gens de goût le même effet qu’un son aigre et discordant qui se ferait entendre tout à coup au milieu d’une musique touchante.

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