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407. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre VIII. Assertions du Théâtre sur le tyrannicide. » pp. 130-174

Quel ordre peut donner un enfant de sept ans, qui n’apprend ce qu’il est qu’à la fin de la pièce, où tout est arrêté, toutes les mesures prises, tous les ordres donnés ? […] C’est ici Melpomène et les Lois, Didon et les Psaumes de David, le Chrétien et l’Auteur galant, qui, fort étonnés de se trouver sous le même toit, voudraient se réconcilier, et après avoir débité leurs raisons, ne savent comment s’y prendre. […] L’amour qu’il y entremêle, bien loin d’en tempérer les noirceurs, en prend lui-même la lugubre teinte, et n’a plus que des traits hideux qui de Cupidon font un Cyclope. […] On croit que le sieur Belloy ayant enchâsse avec éloge dans sa pièce les noms de plusieurs familles distinguées, s’est acquis à peu de frais de puissants protecteurs, qui ont bien voulu prendre une scène pour un titre de noblesse. […] La révolte de Rome contre son Roi est la plus juste et la plus belle action, la guerre qu’on lui fait, les avantages qu’on remporte contre lui, sont autant de triomphes, les mesures qu’on prend pour le rétablir, des trahisons et des conjurations.

408. (1603) La première atteinte contre ceux qui accusent les comédies « A Monseigneur le duc de Nemours » pp. -

A Monseigneur le duc de Nemours Monsieur, Encore que ce petit discours ne soit digne de la grandeur de votre esprit, j’ai cru que vous me feriez l’honneur de l’accepter, non tant pour vous satisfaire, que pour honorer ma nécessité, qui espère que vous estimerez l’effet pour le mérite de la cause, et un pauvre don d’un riche désir : le mien n’a rien de plus cher que le respect qu’il rend en affection à vos perfections, Monsieur, qui enrichissent le monde, remplissent les âmes d’admiration, l’univers de gloire, et cette grande Princesse (vive image de la vertu de nos antiques Rois) de contentement, voyant plus louer la personne que le Prince, parce qu’il est aussi grand de mérite que de nom, en l’un la pensée manque, en l’autre la voix se perd : Et pour ne perdre cette petite œuvre, j’ai pris la hardiesse de l’appuyer du vôtre, Monsieur, jugeant qu’il n’aura faveur ni lumière que celle qu’il tirera de vous, qui portez en terre les grâces du Ciel où il éclairera ses ténèbres : Et parce qu’en l’entreprise glorieuse la faute est digne de pardon, j’ai cru que vous y serez aussi prompt, Monsieur, comme je vous ai vu libéral aux louanges de l’esprit de la Signore Isabelle, dont les Comédies se peuvent maintenir, puisque vous les avez jugées, Monsieur, un plaisir semblable aux repos des Avettes, où il n’y a souillure, pollution, ni amertume : la crainte que mes paroles en apportent aux douceurs de vos Muses, me fera finir, et en toute l’humilité que je puis, vous baiser les mains, et supplier me permettre la gloire de me qualifier, Monsieur, Votre très humble, très obéissante, et très fidèle servante.

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