Bourdoise dans ses Sentences Cléricales, en a fait un long chapitre sous le nom de Prêtres déguisés. […] Les Prêtres qui se mettent en habit de cour & chevelure, sont comme dégradés, ils se dégradent eux-mêmes. […] Mais c’en est assez pour connoître ce saint Prêtre, qui dans son style familier disoit de très-bonnes vérités. […] C’étoit l’habit de cérémonie de leurs Prêtres & Prêtresses. […] Pour les représenter, leurs Prêtres jouoient ce double rôle d’homme & de femme par leurs déguisemens.
Voltaire notre Dieu, s’écrioit on, le Dieu du goût, le Dieu de l’histoire le Dieu du théatre, le Dieu de la philosophie, voilà tous les Dieux ; c’est un vrai pantheon pour mieux représenter le Parnasse & l’Olympe ; on avoit habillé plusieurs personnes en prêtres & prétresses de différents Dieux, dont chacun célébroit son Dieu, & en portoit les attributs ; mais tous rendoient hommage au pere des Dieux, ce divin Arouet, qui leur avoit fait rendre un culte réligieux, & réunissoit en sa personne toutes leurs divines qualités. […] Un double mont, un chœur de poëtes, la Harpe, Marmontel, &c. avec les journalistes, une multitude d’Anglois, de Prussiens, de Russes ; un collége de Prêtres & de Prétresses d’Apollon : il paroissoit convenable que le grand Prêtre de ce Dieu, à la tête de tout, eût fait les honneurs ; mais le Sacerdoce féminin est plus du goût du chaste Héros de la piece ; ce fut la belle, la jeune, la savante, la dévote, l’incomparable Fretillon, qui, d’une voix unanime, en fut chargée. […] Clairon est donc devenue le temple de la gloire, c’est à elle à donner des lauriers, puisqu’elle en est toute couverte ; je ne pourrai pas la rémercier dignement, je suis un peu entouré de ciprés ; on ne peut pas plus mal prendre son tems pour être malade ; je vais pourtant me secouer, & écrire au grand Prêtre & à la grande Pretresse. […] Le Lieutenant de la police de Rouen & de Paris, qui connoît le genre de gloire qui s’y distribue, & à quel genre de combattans, doit rire en apprenant à quelle maison le grand Voltaire doit sa gloire ; il n’a paru aucun grand Prêtre à la cérémonie, à qui donc Voltaire écrit-il sous ce nom ; il doit être bien engourdi puisqu’il faut le secouer, & lui faire enfanter quelques vers, qui sans doute ne sont pas mauvais, puisqu’il n’est pas juste de marquer sa reconnoissance en mauvais vers ; la secousse doit avoir été légere, ou sa léthargie bien profonde ; car ses vers sont bien mauvais. […] Le triomphe de la mort qui réduira ce grand Hercule à une poignée de cendres, sera bien plus réel que la prétendue gloire, dont, par les mains de la Clairon, les lauriers du génie, & les lys de la virginité l’ont couvert : cette même Prêtresse, dont la maison est le temple de la gloire, & la patrie des talens, ne sera pas plus épargnée : Memento homo, quia pulvis es, & in pulverem reverteris.