« On prétend que le Théatre Athénien avoit pour objet d’inspirer la haine des Rois, & la crainte des Dieux. […] On prétend, dit M. […] Cette scene épisodique du Télémaque est du genre de ces Romans où l’on prétend qu’en représentant l’amour avec tous les charmes dont il se sert pour séduire, on offre un moyen efficace de se précautionner contre ses écueils. […] Quelques Littérateurs épris des chefs-d’œuvres de notre Théatre, ont prétendu que nous avions surpassé les Anciens.
vous voyez qu’on nous arrache d’entre les mains des Livres qui nous donnent sourdement des leçons d’irréligion & d’indépendance, & vous prétendez qu’on nous laissera des spectacles qui nous donnent publiquement des leçons d’irréligion & d’indépendance ? […] Projet infame que les théâtres d’Athênes & de Rome payenne, avec toutes leurs obscénités, n’ont jamais mieux rempli que les notres avec ce vernis d’honnêteté dont on prétend qu’ils sont couverts : que la couche en est légére, puisqu’il se fait si peu sentir ! […] Beaucoup d’art, de subtilité, d’attention, de finesse dans le raisonnement, d’industrie dans la manière d’éluder des coups redoutables, de sagacité à saisir des défauts apparens… En armant ainsi l’erreur & la passion de mille ingénieux sophismes, prétends-tu nous empêcher de reconnoître ce qu’il faut croire, tenir, décider, pratiquer ? […] En voyant donc un si beau jour dans un avenir si marqué, nous devons bien plus songer à nous réjouir par avance du renouvellement universel qu’il opérera parmi nous, que prétendre à la qualité de Prophétes.