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253. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre [V].  » pp. 156-192

Ces assemblées prophanes, par les crimes qui s’y commettent, les intrigues qui s’y forment, les feux impurs qui s’y allument, les folies qui s’y font, l’indécence qui y regne, le luxe & le faste qui s’y étalent, les objets licentieux qui s’y présentent, ces assemblées prophanes, toutes formées par le vice, sont certainement, si l’on peut employer ces termes, le bal des démons, la danse des damnés, le salle de l’enfer, plutôt que l’image des chastes joies du paradis. […] La beauté naturelle plaît sans-doute, elle est faite pour plaire ; mais renfermée dans les bornes de la modestie, elle n’excite point de honteux mouvemens ; ce n’est que l’indécence, la parure, les divers jours où la vanité la présente, qui la rend piquante & pernicieuse. […] S. on présente à un étranger une Courtisanne & une Dame du monde, qu’il ne connoisse pas, il sera embarrassé dans le choix, & ne saura à qui donner la pomme.

254. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre premier. Remarques Littéraires. » pp. 11-51

Les situations toutes critiques ne présentent aux yeux & aux cœurs que des images voluptueuses ; une nymphe dans un bois écartés, désarmée & sans défense, dans l’état le plus galant, se cache pour contempler avec liberté un jeune homme qu’elle aime, qui s’y trouve seul aussi Elle se montre, l’aborde & l’invite à l’aimer. […] Milton, le Tasse, le Camoëns se sont écartés de la route battue ; ils ont su mêler habillement l’intérêt de la religion dominante à l’intérêt nationnal, ou à un intérêt plus universel ; presque tous les dramatiques anglois ont puisé leurs sujets dans l’histoire de leur pays ; la plupart de leurs pieces sont appropriées aux mœurs angloises ; elles ne présentent que le zele pour la liberté, l’amour de l’indépendance. […] Quel goût peut-on trouver dans un sujet qui n’a rien de neuf & de piquant, sans variété, sans intrigue, sans dénouement, qui ne présente que deux acteurs, dont le rôle exige une nudité que le théatre n’oseroit représenter ?

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