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28. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Suite des Parfums. » pp. 112-137

Trois cents chameaux portoient chacun quatre quintaux d’aromates, huit cents chariots dont chacun en portoit le double, des gros tonneaux roulés sur des traîneaux qui en étoient pleins, trois cents cinquante encensoirs tout garnis, vingt-quatre grands vases pour les parfums plus précieux. […] Leurs habits, leurs personnes, tout est plein d’odeurs. […] Toute l’Histoire Ecclésiastique, tous les livres de discipline pour les Clercs & pour les Religieux sont pleins de ces traits, les vies des Saints en fournissent par-tout des modeles. […] C’est enfin le tableau de l’enfer, c’est une fosse profonde pleine d’une boue sale & puante, c’est un lac de misere qui engloutit à jamais les damnés, où ils s’empestent l’un l’autre : De cadaveribus eorum ascendit fœtor . […] Tous les hôpitaux, tous les cachots, tous les caveaux pleins de morts, de prisonniers, de malades, les campagnes pleines de cadavres pourris après une bataille, n’approchent pas de ce lieu d’horreur, creusé par la justice divine.

29. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE II. Théatres de Société. » pp. 30-56

On plaît par là sur-tout au sexe aimable & sensible, qui l’inspire & en est plein. […] Cacatrix est une folie singuliere ; on ne peut s’empêcher de rire de la confiance intrépide d’un mari trompé, de la familiarité pleine de gaieté, avec laquelle un Abbe traite les femmes (il faut bien que la religion & les Ministres fassent une partie de la dépravation des mœurs, & y répandent un sel plus piquant). […] De jeunes personnes bien élevées & pleines de candeur donnent à leurs personnages un caractère de vérité que ne peut imiter qu’imparfaitement tout l’art des Actrices, ce n’est qu’à des ames innocentes & des voix pures (elles cesseront bien-tôt de l’être) qu’il convient d’emprunter le langage de la vertu. […] Il s’extasie sur la beauté, les graces, les talens des jeunes personnes qui y jouèrent ; elles l’emportent sur toutes les Actrices passées, présentes & à venir : des traits charmans, une physionomie pleine de finesse, le visage de Flore, la taille d’Hébé, les yeux de l’amour, le son de voix des Syrènes, &c. […] La maniere de représenter ne rompt point le charme, pas même la jeune Actrice qui paroît en habit d’homme pour réciter un compliment plein d’affectation & de grimaces choquantes.

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