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209. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE VIII. De la Folie. » pp. 163-179

De là des danses de toute espèce, légères, graves, majestueuses, badines, bouffonnes, etc. qui peignent les mouvements de l'âme, des danses de Guerriers, de Bergers, de Paysans, de Furies, de Dieux, de Démons, de Cyclopes, d'Indiens, de Sauvages, de Mores, de Turcs, qui caractérisent les professions et les peuples ; de là ces mouvements compassés de la tête, des pieds, des bras, des mains, etc. qui tous doivent se réunir de concert pour former les traits du tableau ; de là tous les divers habits et parures analogues à ce qu'on veut représenter, mais qui tous élégants, dégagés, propres, conservent et rendent saillante la taille et la forme du corps, qu'ils laissent admirer ; de là cette souplesse moelleuse, cette mobilité coulante, cette marche gracieuse, cette symmétrie des pas, ces figures entrelaçées, cette espèce de labyrinthe où à tout moment on se perd et on se retrouve ; de là ces innombrables combinaisons de plusieurs danseurs qui se cherchent, se fuient, s'embarrassent, se dégagent, se parlent par gestes, varient à tous les moments la scène, mais qui dans tous leurs mouvements les plus compliqués, toujours soumis au coup d'archet, semblent n'agir que par la même impulsion.

210. (1758) Lettre de J. J. Rousseau à M. D’Alembert « JEAN-JACQUES ROUSSEAU. CITOYEN DE GENÈVE, A Monsieur D’ALEMBERT. » pp. 1-264

Si nous avions les mêmes maximes, on pourrait établir à Genève un Spectacle sans aucun risque : car jamais citoyen ni bourgeois n’y mettrait le pied. […] Mais toute femme sans pudeur est coupable, et dépravée ; parce qu’elle foule aux pieds un sentiment naturel à son sexe. […] Soyez sûr que plusieurs vont sans scrupule au Spectacle à Paris, qui n’y mettront jamais les pieds à Genève : parce que le bien de la patrie leur est plus cher que leur amusement. […] Souvent les Généraux faisaient à pied les mêmes journées que leurs Troupes. […] Une jeune Chinoise, avançant un bout de pied couvert et chaussé, fera plus de ravage à Pékin que n’eût fait la plus belle fille du monde dansant toute nue au bas du Taygète.

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