ces sentimens sont-ils conformes à la piété reconnue de ce Roi & de cette Reine ? […] Louis étoit confus, dit la Baumelle, de l’impie plainte de la piété qui faisoit valoir à Dieu même son exactitude & son recueillement à la messe ; mais il étoit charmé de se reconnoître dans la grandeur & le faste d’un Roi de Perse (cette flatterie seroit une satyre : Racine avoit-il assez l’esprit de Port Royal pour oser censurer le Pénitent du P. la Chaise ?). […] On a beau les déguiser par la sainteté du sujet, pris dans l’Écriture, & la piété des sentimens de quelques personnages ; cette malignité ne suffit-elle pas pour les faire proscrire ? […] La médisance met obstacle à la piété, en la décriant, & décourage les ames foibles par la honte & la crainte du ridicule qu’elle y attache ; elle arme les vices par les traits envenimés d’une langue licentieuse qui les favorise tous, que tous lancent, dont tous se repaissent.
Allez, je ne sais pas, si vous n’étiez ma mère … C’est donc la leçon qu’on donne aux enfans dans une piece faite pour enseigner la vraie piété & démasquer la fausse. […] Pour un flatteur qui emploie l’extérieur de la piété, il en est vingt qui emploient celui du vice. […] Quant à la mauvaise morale de Tartuffe, demandez aux déistes, aux gens sans religion, aux mondains qui se moquent de la piété, & qui débitent une morale si pure, au Dictionnaire de Baile, au livre de l’Esprit, &c. […] Peut-on plus indignement abuser & se moquer du langage de la piété, & la rendre plus méprisable, que de la confondre avec le vice ?