La représentation des pièces de théâtre est plus dangereuse que la lecture. […] Ce qui rend la représentation d’une pièce de théâtre beaucoup plus dangereuse que la lecture, c’est que le lecteur n’est sensible qu’aux grâces du style, qu’à la beauté des pièces : au lieu que le spectateur est exposé à tous les charmes d’une déclamation animée, de ce langage muet, si éloquent, si persuasif, si séduisant, qui, par un geste, parle aux yeux et pénètre le cœur, donne de la vivacité aux passions, de la force aux discours, qui exprime dans toute leur énergie les mouvements de l’âme que le poète n’a fait que rendre faiblement ; qui fait illusion sur la fausseté des pensées et des maximes, qui fait applaudir au mensonge avec plus de chaleur qu’on applaudirait à la vérité. […] Qu’on y joigne encore les enchantements et l’ensemble du spectacle, on ne pourra s’empêcher de convenir qu’il n’y a point de comparaison à établir entre la représentation animée et la lecture tranquille d’une pièce dramatiqueas. […] Cela est si vrai que le sénat de Melpomène et de Thalie ne se chargerait pas d’une pièce sur la simple lecture. […] Voilà l’objet de toutes les pièces dramatiques ; et c’est ce qui en rend même la lecture souvent pernicieuse.
Il prétend que les sujets des Pièces de Théâtre ne tariront jamais. […] La Marchande de modes pourrait être une jolie pièce. […] Cette Pièce prouverait que des Riens nous plaisent & nous occupent. […] Il est impossible de se trouver dans le cas d’imaginer une Pièce embrouillée par une intrigue pénible à suivre. […] Leurs Pièces n’ont presque point d’intrigue.