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89. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE V. Des Pièces tirées de l’Ecriture sainte. » pp. 96-119

On a toujours cru dans toutes les religions que les choses saintes ne doivent pas être prodiguées au peuple ; en se familiarisant avec elles, il cesse de les respecter. […] Sans vouloir en faire l’apologie, je demande si une histoire sainte sur le théâtre n’est pas mille fois plus profanée que dans l’histoire du Peuple de Dieu. […] Il tenait ce langage pour le tenter de vanité, comme dans le désert, pour se le rendre favorable en le flattant, pour ne pas choquer le peuple qui l’adorait. […] Par le scandale qu’il donne, un Comédien qui s’avise de parler religion et vertu, est un nouveau Balaam, qui malgré lui prophétise, et bénit le peuple d’Israël, tandis qu’avare et faux Prophète il n’était venu que par intérêt pour le maudire. Mais dans le même temps il donne les plus pernicieux conseils, de faire promener dans le camp d’Israël des femmes Madianites, pour corrompre le peuples.

90. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — A SA MAJESTÉ IMPERIALE ELISABETH PREMIERE, IMPERATRICE DE TOUTES LES RUSSIES. » pp. -

Parmi tous les beaux Arts que Pierre le Granda introduisit dans son Empire, cet Auguste Prince ne songea pas à y établir un Spectacle : les soins qu’il prit, soins si dignes d’un vrai Monarque, n’eurent pour objet que le bonheur du peuple innombrable qu’il gouvernait ; et sans doute le Théâtre, tel qu’il le voyait, lui parut moins propre à polir ses Sujets, qu’à corrompre l’innocence de leurs cœurs. […] Cette réforme, si difficile à faire chez les Peuples que l’usage et le temps ont accoutumé à ne pas sentir les défauts de leurs Spectacles, peut facilement être embrassée par une Nation, qui n’a connu les Spectacles qu’en passant, et dont le goût n’est encore fixé sur aucun genre.

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