Les Grecs, excessifs, ou detracteurs cruels, persécutoient leurs juges, & deifioient les bouffons ; c’etoit un peuple charmant ; l’injustice la méchanceté, la folie sont donc bien charmantes ; ils etoient vifs, legers, railleurs, (gens de théatre,) amoureux de cette philosophie qui se mocque de tout, parce qu’elle n’attache de prix à rien, estimant leurs Poëtes plus que leurs generaux, preferant la representation d’une piece au gain d’une bataille, ils auroient oublié les maux que leur fit la guerre, si en l’avoir mise en Vaudevilles. […] Il ne fut lié qu’avec la lié qu’avec la lie du peuple. […] Les autres, la débauche du bas peuple, & des Moines libertins, des gueux, des valets, païsans, muletiers, savetiers, Hermites débauchés. […] Il a eu quelques amis distingués qui se moquoient de lui ; mais il vivoit communément avec le bas peuple.
Les premiers Poëtes dramatiques, dit-il, n’étoient pas regardés à Athènes, & ne se regardoient pas eux-mêmes comme des gens stériles, uniquement faits pour amuser le public ; c’étoit une espèce de Magistrats, de Censeurs, chargés de conserver les bonnes mœurs par la représentation théatrale, de calmer les passions par la terreur & la pitié, & de corriger des moindres défauts par le ridicule (c’est beaucoup donner à ce peuple, le plus corrompu & le plus frivole). […] Enfin ceux qui emploient la bouffonnerie pour faire rire le peuple, oublient que dans une ville bien policée on ne peut sans crime donner aucun spectacle qui de soit la censure du vice ou l’éloge de la vertu. […] Les ruses de l’amour sont infinies, & ce n’est pas par des valets, des gens de la lie du peuple, comme dans quelques farces, c’est par des gens polis, habiles, distingués par la fortune, les places, les talens, des hypocrites d’une vertu apparente, qu’on fait tendre les pieges & porter les coups. […] Le public doit savoir que le gouvernement n’approuve point les Comédiens, qu’il ne les tolère qu’à regret pour le divertissement du peuple & par ses prieres importunes.