Les ordonnances ne parlent pas de l’usage ordinaire de ces habits, mais je suis persuadé qu’on ne souffrirait pas qu’un Comédien parût dans le monde habillé en Abbé ou en Moine, et une Comédienne en Religieuse. […] Et on voudra me persuader que ces pièces, appelées saintes, sont utiles à la religion, contre laquelle tout semble s’y être ligué ?
Cette différence est si bien reconnue, que quand le Collège s'écarte des bienséances, on le compare au théâtre, et les Ecoliers aux Comédiens, et qu'au contraire quand une pièce du théâtre n'a pas excité la passion, on dit d'abord c'est une pièce de collège : double accusation, dont on ne manque pas de se défendre de part et d'autre, tant on est persuadé qu'on ne peut être innocent en imitant ce genre d'hommes, que leur ressembler, c'est oublier les vertus et les bienséances, qu'on ne peut être bon Comédien en observant ces lois. […] Je le répète, quoiqu'il y ait certainement de la différence pour les mœurs entre les pièces de collège et celles de la comédie, on aura toujours bien de la peine à sauver l'inconséquence de cette conduite, à concilier la condamnation du théâtre avec l'essai qu'on en fait, l'intelligence qu'on conserve avec lui, la goût qu'on inspire pour lui, et de persuader le public qu'on évite la peste dans une ville quand on l'établit bien volontairement dans ses fauxbourgs.