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371. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE III. Immodestie des Actrices. » pp. 57-84

Son premier mouvement, malgré elle, est de se couvrir décemment : tout ce qui l’approche alors la déconcerte, elle ne voit les yeux de personne se fixer sur elle, sans y soupçonner des pensées, des désirs, des crimes, qu’elle s’attribue, dont elle se moque, si on ne lui plaît pas, ou dont elle s’applaudit par un nouveau péché, si on a le malheur de lui plaire, elle ne les voit pas se tourner sur quelqu’autre sans en être jalouse. […] Qu’au milieu même de la licence quelque personne respectable se présente, elle en rougira, fera des excuses, se couvrira ; elle n’osera paroître devant des femmes respectables, devant son père, devant ses enfans : tant la vertu se fait rendre justice par ses ennemis même. […] ils s’en repaissent, en abusent, & se moquent de la personne qui se prodigue à leur curiosité. […] Mais, dit-on, combien de femmes dans leur maison, combien d’enfans, & même des personnes avancées en âge, dans des Communautés Religieuses, qu’on souffre habillées comme nous ! […] Sans doute personne ne fera d’exception pour les Actrices : chacune sa premiere admiratrice, sa premiere amante, réunit dans ses yeux & dans son cœur tous les yeux & tous les cœurs du parterre, & brûle elle seule sur son autel plus d’encens que tous les spectateurs ensemble.

372. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE I. De l’Amour. » pp. 4-29

les personnes les plus distinguées, le plus beau monde. […] 2.° On en montre l’objet ; peintures, décorations, parures, nudités, personnes répandues sur le théatre & dans les loges, tout étale la volupté. […] S’il s’y trouve quelquefois par hasard une personne vertueuse qui ne connoisse pas ce climat brûlant, elle s’en ressentira dès qu’elle l’aura connu. 3.° Les romans. […] Personne n’eut plus de part à sa faveur qu’un Poëte dont l’imagination féconde en inventoit de nouvelles, & les varioit à l’infini. […] Cependant, continue l’Auteur, on méprise infiniment aux Indes les Comédiens, Musiciens, Danseurs, quoiqu’on s’en amuse, ce sont des troupes d’esclaves vendus au public, on va chez eux, on les fait venir chez soi pour son argent, comme on méprise les femmes publiques dont on se sert : & que sont en effet toutes ces femmes, que des personnes publiques ?

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