Le Poëte, il est vrai, doit prescrire des bornes à la passion de ses personnages ; il n’a besoin que d’un trait de plume : mais est-il le maître d’en imposer aux Spectateurs ? […] Le Poëte s’y croit autorisé, sous prétexte de soutenir le caractere des personnages, & de donner du relief à la vertu de son héros. […] Quelle vraisemblance y a-t-il à attribuer à des personnages dont la sainteté est si bien établie, des opinions que les PP. […] Le plus souvent au contraire, son but est d’exciter en nous des sentimens opposés à ceux qu’elle prête à ses Personnages. […] Mais il n’en est pas ainsi de la Comédie, dont les mœurs ont avec les nôtres un rapport plus immédiat, & dont les personnages ressemblent mieux à des hommes.
C’est dans ce principe que tant d’illustres Personnages, & tant de saints Docteurs, que l’on appelle Scholastiques, ont laissé entrevoir combien ils étoient indulgens à la Comédie. […] Avant même qu’elle fût aussi réglée, & aussi honnête qu’elle est aujourd’hui, on peut compter de très-grands Personnages qui en ont fait une juste évaluation, & qui lui ont été favorables.