Mais que faut-il en penser, si ce ridicule est le plus souvent répandu sur la vertu même ; ou si en épargnant les vices les plus criminels, on se contente de blâmer des défauts ou des usages qui ne sont incompatibles ni avec la probité, ni avec la religion ? […] Voilà ce que nous entendons tous les jours ; voilà ce qui attire aux Ministres de l’Evangile, lorsqu’ils croient devoir censurer ces spectacles pernicieux, des reproches odieux d’ignorance, de prévention, de zèle aveugle & inconsidéré : reproches qui doivent nous affliger sans doute, parce qu’ils prouvent l’endurcissement de ceux qui nous les font, & leur opposition à la sainte doctrine de Jésus-Christ ; mais reproches que nous devons nous faire gloire de braver & de mépriser, parce que nous savons que le monde doit nous haïr comme il a haï notre divin Maître ; parce que nous ne pouvons nous taire sur ces abus, sans trahir notre ministère ; & que si nous étions capables de penser ou de parler sur les Spectacles d’une manière qui pût plaire au monde, nous ne serions plus les serviteurs de Jésus-Christ.
Tels sont les hypocrites, ils ne peuvent trop veiller sur eux-mêmes, pour ne pas se laisser démasquer ; le moindre évenement, un coup d’œil, un mot, un geste, découvre sans qu’on y pense, le fond du cœur. […] Ces fleurs, si elle vouloit réfléchir, lui donnent de grandes leçons ; leur fragilité, leur peu de durée, image naturelle de la beauté des femmes, lui en fera sentir la vanité : elle doit se dire avec Racine, dans Esther, c’est un oracle pour elles : Je tomberai comme une fleur qui n’a vu qu’une aurore ; leurs couleurs naturelles, qu’elles n’ont jamais pensé à farder, & qui n’en sont que plus belles, quoiqu’infiniment variées, leur disent que le blanc & le rouge ne parent pas, mais plutôt défigurent ; que cette beauté étant purement superficielle, n’est rien de réel ; objet le plus mince, qui ne passe pas l’épiderme, que la moindre chose efface : biens étrangers, dont jouissent ceux qui les voient, non ceux qui les possedent.