On lui reproche d’entasser les embaras de l’action avec une rapidité qui ne laisse pas au spectateur le temps de respirer, dans une piece très-courte, où trois actes renferment la matiere de cinq ou six, de faire parler les Acteurs avec une briéveté & une précision si laconique qu’on n’a jamais le plaisir de saisir & de voir filer une action, d’en suivre l’enchaînement, & de goûter les sentimens délicieux qu’elle doit produire, d’admirer ces éloquentes tirades, ces brillantes réflexions, ces graves sentences, cette variété de jours divers de la même pensée, qui font le mérite de Corneille & de Racine. […] Le crime de Phedre ne passe pas la pensée ; il n’y a qu’elle de coupable, elle est accablée de remords. […] Jamais les Princes Chrétiens n’ont sévi que pour des crimes, ils n’ont jamais gêné ni pu gêner la pensée & la conscience, ils n’y ont aucun intérêt, pourvu que l’extérieur soit tranquille ; il n’y a que l’Eglise qui puisse exiger la foi intérieure, qui l’a toujours exigée, & ne peut en dispenser.
Les histoires ne nous apprennent point qu’aucun Ministre ait condamné ni aboli les danses honteuses et déshonnêtes qui se commettaient, tant aux jours des Calendes, qu’autres Fêtes, où aux Théâtres, et en divers lieux par plusieurs nations, on commettait des vices que notre pensée rejette pour leur horreur, tant de se baigner dans le vin sans regard à l’âge, au sexe, ni au lieu, que faire festins tables par les rues, chansons dissolues : Bref la raison qui est donnée aux hommes leur ôtait l’usage d’elle-même, pour les rendre pires que bêtes farouches : Et nos Pères Ecclésiastiques ne les ont pas seulement censurés, mais prêché, crié, invectivé contre eux, essayé de les réduire.