Lettre d'un théologiena Monsieur, Je m’étais toujours défendu de vous donner par écrit mon sentiment sur la Comédie, et j’avais tâché d’éviter ce coup, en vous apportant pour excuse et la délicatesse de la matière, et le peu de capacité de celui qui la devait traiter ; mais je ne puis plus tenir contre l’obstination et l’importunité de vos prières (si jamais cependant un Ami tel que vous est capable d’importuner) et pour vous guérir de la crainte scrupuleuse où vous estes que votre conscience ne soit intéresséeb dans les Ouvrages de votre esprit, je passe aujourd’hui par dessus ces deux difficultés, voulant bien m’exposer en votre faveur à ne pas répondre à la haute idée que vous avez conçue de mon peu de mérite, et m’engager pour vous tirer de peine, dans une des plus difficiles, mais des plus curieuses Questions qu’un Théologien puisse traiter. […] Si j’avais à parler à quelque moins habile homme, ou bien à quelque faux dévot, qui pour se donner des airs de réforme, aurait la témérité de rejeter la doctrine de saint Thomas comme opposée à la Morale des Pères, et peu conforme en quelques endroits aux maximes les plus pures de la Religion ; je n’aurais pas de peine à lui fermer la bouche, et à lui apprendre à porter à la doctrine de ce saint Docteur toute la vénération qu’elle mérite, et que les Conciles, les Souverains Pontifes, et tous les grands hommes qui l’ont suivi n’ont pu lui refuser. […] Salvien se défendait d’en rien dire, par la peine qu’il aurait eue d’en parler… « Qui pourrait traiter, dit-il« Quid enim integro, etc. » lib. 1. de gub. […] A l’égard de ceux qui vont à la Comédie, il y en a quelques-uns qu’il serait indécent et scandaleux d’y voir assister, comme sont les Religieux, et surtout les plus Reformés ; et je vous avoue que j’aurais de la peine à les sauver de péché mortel, aussi bien que les Evêques, les Abbés, et tous les gens constitués en dignité Ecclésiastique : non pas qu’ils assistassent à des Spectacles mauvais, mais parce qu’étant consacrés à Dieu, ils doivent se priver des divertissements du siècle ; outre que leur présence en ces sortes de lieux pourrait causer du scandale, et que pour me servir des paroles de saint Augustinx, ils doivent mépriser tous les vains amusements du monde pour ne se nourrir l’esprit que de la lecture et de la méditation des Saintes Lettres.
« A peine ai-je achevé que chacun renouvelle Par un noble serment le vœu d’être fidelle. » Lorsque Cinna, touché des bienfaits d’Auguste, montre quelque remords, que lui dit-on ? […] Un Historien, enchaîné par la vérité des faits, glisse rapidement sur ces événements affligeants pour l’humanité, dont il ne rappelle le souvenir qu’avec peine. […] S’ils pouvaient périr seuls, j’y souscrirais sans peine. […] A peine chausse-t-on le cothurne, qu’on ne se repaît que de sang.