Ne pouvant se défendre sur quelque point qu’on l’attaque, il se fâche, s’irrite, s’emporte jusqu’à la fureur ; quand il a pour lui la force, il se passe volontiers de la justice, et sacrifie sans pitié quiconque n’est pas de son avis.
Enfin vous êtes des ignorants, parce que vous faites consister votre sagesse à savoir les lois, tandis que vous ne connaissez pas la raison qui vous apprendrait à vous passer de lois comme nous. »w Je puis vous protester, moi qui suis Arlequin, et qui par conséquent puis vous sommer de vous en rapporter à mon expérience, que ni moi ni mes Camarades ne sommes applaudis dans aucun endroit de la pièce avec plus de chaleur que dans celui-ci : croire que chacun n’applaudit alors que parce qu’il désire dans les autres des vertus qu’il ne se soucie pas d’avoir, c’est croire tous les hommes méchants, puisque tous applaudissent alors, et c’est attaquer vous-même l’opinion que vous dites avoir de la bonté naturelle des hommes. […] Je crois vous avoir démontré ci-dessus en citant Britannicus que notre goût pour l’amour n’était pas condamnable en lui-même, qu’au contraire les Auteurs Dramatiques auraient tort de ne pas respecter et profiter d’un des avantages de nos mœurs sur celles des autres peuples, qu’ils s’étaient sagement attachés à nous apprendre le parti que nous pouvions tirer en faveur de la vertu de notre penchant à l’amour, en indiquant aux cœurs bien faits les objets auxquels ce penchant doit les attacher ; et je crois qu’en ce cas il est aussi sage de défendre l’amour et de forcer les pédants à le reconnaître pour un sentiment sublime et délicat, qu’il serait absurde d’applaudir l’attachement intéressé d’un vieux avare pour une jeune personne, lorsqu’il n’évalue pour quelque chose les charmes de sa Maîtresse qu’après avoir fait attention à son coffre-fort, que la Vertu, la bonne conduite, l’économie ne lui paraissent pas dignes d’entrer en compte et qu’il passerait volontiers tous les vices à l’objet de son amour pourvu qu’elle eût autant d’écus que de mauvaises qualités. […] Fagan, intitulée Les Originaux at, dans laquelle on instruit un jeune homme des périls auxquels tous les vices exposent par le malheur des vicieux, qu’on fait passer en revue devant lui.