Je ne parle pas des licences, du libertinage, des indécences, des tableaux présentés & sous-entendus, que l’actricisme de ces Pièces, prises de Contes trop libres, ne couvre que de gaze ; parce que ce n’est pas-là ce qui fait la fortune des Comédies-chantantes : plus un siècle est libre dans ses mœurs, plus il est retenu & chaste dans son expression : les oreilles des débauchés, sous l’expression la plus innocente, croient toujours entendre une lasciveté : ainsi le Monstre qu’élevèrent Sénèque & Burrhus, ne voyant aucune partie de son corps qui ne fût souillée, ne pouvait envisager un autre homme, sans se former une image obscène. […] Et voila du plaisir, mais du plus vrai, pour un siècle-bagatelle, où la partie aisée de la Nation est en enfance, & la partie peuple… je me tais. […] Ainsi les jeunes Lacédémoniennes dansant toutes nues, causaient moins de desirs effrénés, qu’une belle Courtisane, demi-vétue, qui ne cache une partie de ses charmes que pour la faire soupçonner plus avantageusement.
La foule qui va aux boulevards est la partie la plus dérangée, la plus grossiere, qui a plus besoin d’instruction que ce beau monde qui brille aux loges de la ville. […] Les Censeurs, juges & parties, ne souffrent aucune piece réguliere & décente ; la décence & la régularité sont chez eux des titres d’exclusion. […] Il promit tout, il a tenu parole en partie. […] Il quitta sa partie où il avoit à craindre la sévérité du Magistrat, & vint jouir à Paris de la liberté sans borne qui regne au théatre, & dont l’abus donne un titre aux applaudissemens. […] Cette comédie, qui est en partie son procès, fut d’abord défendue par honneur pour la Robe ; elle a été rétablie dans tous ses droits, & représentée avec le plus grand succès.