La seconde ne concerne que les divers amusemens de quelques particuliers, dont les chaudes & vives imaginations, se sont faits divers ébats mysterieux ; tantôt sous le voile de Religion, tantost sous un pretexte de Politique, souvent par une pure ostentation, quelquefois par exemple ou par occasion, mais toûjours pour divertir le public, dont la joye estoit pretieuse, & passoit pour le seul bien universel & approuvé de la raison & des sens. […] La maniere de leur celebration, n’eut rien de particulier, & consistoit en quelques sortes de combats, au prix & aux couronnemens des vaincueurs ; en simphonies de flutes & de lires, & enfin en dances & en balets. Tout ce qui leur estoit propre & particulier & qui les distinguoit des autres, fut l’ouvrage & le soin des esprits de ce temps, qui composerent diverses Chansons à l’honneur de ce Dieu, & qui pour en mieux conserver la memoire voulurent faire d’annuelles representations de son combat auec le serpent, quoy que fabuleux : Mais ils y employerent tant d’industrie, qu’ils persuaderent enfin les Peuples, & qu’ils establirent parmy eux leurs imaginations pour des mysteres.
Quelles soient variées, quelles fassent contraste, que chaque Acte ait la sienne particulière ; le Poète sera déclaré un des plus habiles de son art ; & je lui réponds d’un succès prodigieux. […] Que le Poète ait encore soin que la beauté du Spectacle aille toujours en augmentant, en sorte que chaque Acte ait sa décoration particulière, & qui soit extrêmement opposée à celle qu’on a déjà vue ; qu’un horrible désert remplace, par éxemple, un jardin délicieux : c’est de cette variété que résultera un Poème lyrique accompli. […] Chez les Anciens, chaque genre de Spectacle avait sa décoration particulière. […] La Comédie fesait voir des maisons particulières, avec leurs balcons & leurs croisées en perspective, comme les rues ordinaires.