Cherchons donc si ceux qui relevent la Poësie à ce point de sublimité ne s’en laissent point imposer aussi par l’art imitateur des Poëtes ; si leur admiration pour ces immortels ouvrages ne les empêche point de voir combien ils sont loin du vrai, de sentir que ce sont des couleurs sans consistance, de vains fantômes, des ombres ; & que, pour tracer de pareilles images, il n’y a rien de moins nécessaire que la connoissance de la vérité : ou bien, s’il y a dans tout cela quelque utilité réelle, & si les Poëtes sçavent en effet cette multitude de choses dont le Vulgaire trouve qu’ils parlent si bien. […] Quand Homere parle si bien du sçavoir de Machaon, ne lui demandons point compte du sien sur la même matiere. […] Vous m’objecterez que le Philosophe ne sçait pas non plus lui-même tous les arts dont il parle, & qu’il étend souvent ses idées aussi loin que le Poëte étend ses images.
Je parlerai ailleurs de ce qui le concerne : il me suffira de faire remarquer ici, combien il est mal adroit dans une Comédie, quelque soit son genre, de mettre un des personnages en danger de mort. […] Je dirai peut-être encore ailleurs combien le goût d’un Peuple influe sur les actions de ses Drames ; mais j’espère qu’on me pardonnera de parler souvent du Théâtre de nos Voisins.