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48. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre prémier. — Chapitre IV. Histoire de l’Opéra-Bouffon, autrefois Opéra-Comique & ses progrès. » pp. 50-66

Je veux seulement parler dans ce Chapitre de son établissement chez les Français. […] Il est clair que les Marionnettes de ce tems-là parlaient, chantaient & dansaient tout comme à présent. […] Il n’y a pas tant de raport de Thespis à nos Spectacles que de la chose originale dont je veux parler avec l’Opéra-Bouffon. […] Comme ses Personnages étaient contraints de jouer à la muette, on descendait un carton, qui s’arrêtait sur la tête de ceux qui devaient parler, & sur lequel étaient écrites en grosses lettres les paroles que l’Acteur ne pouvait faire entendre que par signes. […] Un de ses Auteurs eut encore recours à un autre stratagême : comme il était dit que les Acteurs de l’Opéra-Comique ne parleraient point sur le Théâtre, il s’avisa de les faire parler en l’air ; dans la Pièce intitulée Les Perroquets, il était naturel de voir tous les personnages sur des arbres.

49. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre troisiéme. — Chapitre VI. De ce qu’un Poète dramatique doit sçavoir pour être en état de travailler dans le nouveau genre. » pp. 142-158

Ici mon jeune Poète recule de surprise, il reste long tems immobile, & me parcourt de la tête aux pieds sans avoir la force de parler. […] Lorsqu’il s’agit de faire parler un Artisan, un Laboureur, &c. il ne faut ni paroles élégantes, ni pensées sublimes. […] En effet, comment est-il possible de sçavoir les coutumes, les façons de parler d’une foule de gens que l’on ne fréquente jamais ? […] S’agissait-il de parler d’un Cordonnier, d’un Perruquier, aussitôt ils couraient les chercher, s’entretenaient familiérement avec eux ; & les gratifiaient de légers présens. […] Je présume qu’ils étaient dèja instruits en partie de cet Article important ; leurs Drames sont trop admirables pour qu’ils ayent tardés jusques à aujourd’hui à le mettre en usage : au reste, on sentira bien que je ne parle qu’à ceux qui sont encore tout-à-fait novices.

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