La compassion intéresse jusqu’à se faire honneur de la ressemblance, ce qui est non seulement contraire aux bonnes mœurs, mais au but de la tragédie, qui est de corriger les passions par la terreur & la pitié : il ne faut donc pas traiter des sujets où le principal intérêt & le premier rôle tombe sur un scélérat qui ne doit paroître qu’odieux & méprisable pour faire haïr les vices. Il est des scélérats qui ne doivent jamais paroître sur la scéne à quelque titre que ce soit, comme les impies. […] Février 1770, font un détail des ouvrages sur le théatre qui ont paru depuis peu 1°. […] Sophocle parut lui ravir la palme. […] Il a fait paroître des temples des armées, des vaisseaux, des débarquemens, des flottes, de chars volans, des apparitions, des spectres ; des danses figurées, &c.
Des histoires sont des livres serieux, écrits à loisir avec maturité ; il y dit, du moins il veut paroître y dire la vérité, & peser avec impartialité les événemens & les hommes dans une balance équitable. […] Olivier Cromwel fut un des plus grands acteurs qui aient paru sur la scéne du monde ; il joua la comédie jusqu’à sa mort, par une hypocrisie soutenue, un air de dévotion, des discours de piété, un grand zèle pour la Réligion, quoique Déïste : des mœurs austeres en public, quoiqu’en secret livré à la débauche ; il jouoit dans le même tems les plus sanglantes tragédies, par la guerre civile qu’il excita, l’usurpation du trône, la mort de son Roi sur un échaffaut, avec tout l’appareil, aussi ridicule qu’odieux ; des formalités juridiques, présenté par les loix. […] Le théatre Espagnol, depuis Philippe II, tout imparfait qu’il étoit (car il n’avoit pas un Voltaire) l’emportoit sur celui des autres Nations ; (car elles n’avoient pas un Voltaire,) il servit de modele à celui d’Angleterre, & à Shakespear son plus fameux auteur, & lorsqu’ensuite la tragedie parut en France avec quelque éclat Corneille, Rohon & même Moliere emprunterent beaucoup de la scene Espagnole ; sans en dire mot : l’histoire, les romans y furent traités avec succès, on peut dire de même de la Théologie ; mais nous ne parlons point de la Religion. […] Le Roi son frere ne l’aimoit ni ne l’estimoit ; il parut indifferent à ses succès ; il ne l’employa plus. […] Demandez-le à ceux qui au moment de paroître devant Dieu, voient tomber le voile que le démon de la chair avoit mis devant leurs yeux.