Ecoutons les leçons que l’on fait aux pères, et à ceux qui sont chargés de l’éducation de la jeunesse. Voyons en quoi consiste l’honnête liberté que ce galant homme laisse non pas à sa femme, (M.F. change ici les traits du tableau) mais à une jeune fille dont la conduite et l’éducation lui ont été confiées par son père en mourant, qui, à la vérité lui a permis d’en faire un jour sa femme. « Elles sont sans parents, et notre ami leur père Nous commit leur conduite à son heure dernière ; Et nous chargeant tous deux, ou de les épouser, Ou sur notre refus un jour d’en disposer, Sur elles par contrats nous sut dès leur enfance Et de père et d’époux donner pleine puissance. » Voyons, dis-je, quelle éducation il lui donne, comment il forme ses mœurs, quelle route il conseille de suivre … … … … … … … …« Je tiens sans cesse Qu’il nous faut en riant instruire la jeunesse, Reprendre ses défauts avec grande douceur, Et du nom de vertu ne lui point faire peur. […] L’on peut même assurer, dit l’Auteur déjà cité4, qu’il n’y a rien de plus propre à inspirer de la coquetterie, que ces Pièces, parce qu’on y tourne perpétuellement en ridicule les soins que les pères et mères prennent de s’opposer aux engagements amoureux de leurs enfants. […] Le Brunk, et plusieurs autres Théologiens ont soutenu que les spectacles condamnés par les Pères n’étaient pas plus coupables que nos Comédies.
Cambise fils de Cirus, élevé mollement, & pensant bien différemment de son père qui vivoit le plus durement ; Cambise étoit plongé dans les délices, & noyé dans les odeurs ; il envoya une ambassade au Roi des Éthiopiens avec des riches présens, & entr’autre des vases précieux remplis de parfums : le Roi accepta tout le reste, mais refusa les vases ; ils ne sont bons , dit-il, qu’à des femmes, & ne sont propres qu’à rendre efféminés & ma Cour & moi-même . […] Cette Princesse fameuse par sa beauté & par ses galanteries, mariée successivement à deux Rois à qui elle porta la plus riche dot ; au Roi de France qui la répudia, & qui aima mieux perdre une belle province que de vivre avec elle, au Roi d’Angleterre qui la tint quinze ans en prison : cette Princesse passa sa vie dans les fêtes, les jeux, les spectacles, donna elle-même les plus scandaleux, & rapporta en France & en Angleterre le luxe & la galanterie asiatique ; elle faisoit des amans par-tout, jusques chez les Mahométans où l’on prétend qu’elle fut aimée de Saladin, allumant par-tout le feu de la guerre ; en France pour se vanger de la jalousie de Louis, en Angleterre pour se vanger des amours de Henri qui cessa de l’aimer, & lui préféra des maîtresses ; elle arma ses enfans contre leur père, & fit naître une guerre civile ; elle courut de tous côtés : en Syrie poursuivre son mari, disoit-elle, en Allemagne pour délivrer son fils Richard ; deux fois en Espagne pour aller chercher ses belles-filles.