On l’avoue, & ce n’est qu’en supposant une entière réforme qu’on s’efforce de sauver notre comédie des anathèmes de tous les saints Pères, qui font une chaîne de tradition non interrompue. […] Après des commencemens, & une suite si continuelle de désordres pendant deux mille ans par-tout où il a existé, malgré les révolutions des États, les changemens de religion, les loix des Princes, les anathémes des Pères, les condamnations de l’Église, peut-on disconvenir que le vice n’y ait acquis l’empire le plus absolu, ou plûtôt ne soit dans sa nature même, que la parfaite réforme n’en soit impossible ? […] Je ne parle pas des saints Pères, dont la constante tradition, bien supérieure au poids d’un préjugé, forme une vraie décision souveraine & sans appel, je me borne aux Écrivains à qui le zèle a fait prendre la plume. […] Si l’on ne craint point d’autre danger, on peut être tranquille, la police suffit pour rassurer les pères, les maris & les maîtres.
Son père, S. […] Abraham, Jacob, nos premiers pères, vivoient à peu près dans cette liberté, mais avec moins d’élégance & de bon goût d’architecture. […] L’Auteur qui propose ce bel établissement dont la sagesse de nos pères ne s’étoit pas avisée, paroît entousiasmé de la Dumesnil, qui est allée jouer à Lion, & dont apparemment il a su mériter les bonnes graces. […] Malgré tant de barrieres au désordre, les Pères, les conciles n’ont cessé de crier contre les spectacles, & d’exhorter les fidèles à les éviter : tant il est impossible de contenir des gens qui par état se dévouent au crime, ou par goût s’en rendent les spectateurs.