Ils savent donc, maintenant, que leurs plus criminelles actions ne manqueront jamais d’approbateurs ; que pour être vertueux, il ne faut consulter que soi, et non de vils esclaves : ils ont donc appris que les meurtres ne sont jamais impunis ; que le crime ne promet que des plaisirs incertains, et qu’il est constamment suivi de tourments inévitables, puisque le remords est toujours avec lui : ils ne pourront donc plus ignorer que l’homme, qui peut tout, ne doit pas tout oser…. […] Quelle impression neuve et forte n’excitera pas en eux le langage que Burrhus ose tenir à Néron ? […] etc. sont intéressantes, mais dangereuses ou indifférentes aux mœurs ; si elles nous accoutument à des forfaits qu’on ne devrait pas supposer possibles ; si elles opèrent des prodiges si frappants ; qui osera fixer les degrés et marquer les bornes de l’utilité où parvient cet art magique, quand le génie du Poète s’allume au feu de la vertu ? […] J’ose, Monsieur, en appeler à vous-même. […] Bret, vivra plus que tant d’ouvrages éphémères qui, après avoir reçu un éclat passager de quelque Actrice à la mode, tombent bientôt dans l’oubli, pour n’en sortir jamais : j’ose faire cette prédiction à l’Auteur d’autant plus hardiment, que je ne le connais point. »
Au tort réel que ces Messieurs & ces Dames ont osé faire souffrir à nos Sophocles, Euripides, Plautes & Térences Français, je n’ai dit mot. […] J’ose donc le premier élever la voix, (& je ne suis que l’écho du Public) pour arrêter cet abus infâme, pour réveiller la paresse des Acteurs. […] J’ose avancer à la barbe des Athéniens, que Corneille ni Moliere ne pourroient faire de nos jours un si grand nombre de Piéces, vû la lenteur des Histrions, & leur négligence à jouer les nouveautés ; & je le prouve, car il est tems de parler.