Après ces cérémonies la Pythonisse imposa silence aux acclamations & à la musique, pour faire entendre ses oracles ; elle s’assit sur le Trepied sacré, couvert de la peau du serpent Pithon, & tout à-coup saisre du Dieu qui l’inspire, les cheveux épars, les yeux étincellans, la bouche écumante, les gestes furieux, tout son corps dans les convulsions, (la Clairon dans ses rôles est à-peu-près une Energumene,) elle prononce ce sublime oracle : Écoutez peuples du couchant à l’aurore, du nord au sud, la voix d’Apollon ; Voltaire est le plus grand, le plus fecond, le plus élégant, le plus pathétique, sur tous le plus dévot (à nos Dieux), le plus véridique historien ; le plus profond politique, le plus eclaire philosophe ; le théologien, le jurisconsulte, le médecin le plus habile qui ait jamais été, qui doive jamais être : Voltaire est parfait en tout, unique en tout, Voltaire est tout ; l’esprit humain ne sauroit aller plus loin, il est égal aux Dieux. […] toi qui sans doute incrédule A tant de prodiges nouveaux, Diras de lui comme d’Hercule, Un seul n’a point fait ces travaux ; Ne divise point ton hommage, Fixe tes régards incertains, Porte les yeux sur cette image, Vois celui qui dans quinze lustres, Egal à vingt hommes illustres, En a seul rempli les destins. […] Il n’a fait que rassembler ce que la vanité, la douleur, le respect, la coutume mettent à tous momens sous les yeux.
Aux yeux des Poëtes, c’est l’Aurore qui cherche Endimion, & avec ses doigts de rose ouvre la barriere du jour. […] Il est vrai qu’elles se dédommagent en prennant des habits d’homme, & que sur le théatre la robe des danseuses, presqu’aussi courte qu’un habit d’homme, a choqué les yeux du modeste Riccoboni, qui s’en plaint amérement dans la Reforme du Théatre. […] Moïse par ordre de Dieu en explique toutes les parties dans le moindre détail, & le fit exécuter sous ses yeux par des ouvriers choisis & inspirés de Dieu, en particulier la robe du grand Prêtre, dont il fit garnir le bas de grenades & de sonettes, mais point de queue.