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27. (1705) Traité de la police « Chapitre IV. De la Comédie Française ; son origine, son progrès, et les Règlements qui ont été faits pour en permettre, corriger et discipliner les représentations, ou pour en assurer la tranquillité. » pp. 439-445

Ce théâtre pendant plus de vingt ans eut le sort de tous les nouveaux établissements ; la seule farce de Patelin y fut jouée avec quelque applaudissement sous Henry II. […] Les uns continuèrent leurs représentations en l’Hôtel de Bourgogne ; et les autres, du consentement de ceux-ci élevèrent un nouveau théâtre dans une maison nommée l’Hôtel d’Argent au quartier du Marais du Temple. […] Le concours y fut en effet si grand, que les Comédiens qui avaient été réduits encore une fois, faute de spectateurs, au seul Hôtel de Bourgogne, se séparèrent de nouveau, et rétablirent la Troupe du Marais du Temple. […] Cette excellente Pièce fut bientôt suivie de deux Tragédies, Horace et Cinna, qui parurent comme autant de nouveaux chef-d’œuvres, et qui reçurent encore la même approbation du Public. Pendant que le Théâtre Français se rétablissait, que l’on y réparait ainsi tous les défauts qui l’avaient fait tomber autrefois dans le mépris ; que les nouvelles Pièces de Corneille, celles de Racine, de Quinault et de Molière, y ajoutaient tous les jours quelques agréments et quelques nouveaux degrés d’estime et d’honneur, les Vénitiens inventèrent chez eux les Opéra.

28. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre prémier. — Chapitre II. Utilité des Spectacles. » pp. 8-21

L’État en retirait un nouveau lustre ; pourquoi donc abaisser ce que l’Antiquité nous apprend à chérir, & ce que les Peuples les plus policés estiment d’un commun accord ? […] Qu’on lise leurs ouvrages, où l’éloquence prête de nouvelles forces à la vérité ; & que l’on avoue après ce que l’on aura ressenti. […] Les Gens dont j’ai parlé plus haut, ennemis de la Comédie par ignorance ou par entêtement, voyent sans doute le nouveau Théâtre de mauvais œil ; ils doivent penser qu’on a très-grand tort de multiplier les Spectacles : il est aisé de leur faire sentir combien ils sont dans l’erreur. […] Quel motif empêcherait qu’on accueillît avec joie un genre nouveau de plaisir & d’amusement ? […] Je réponds en demandant d’abord, s’il est possible d’imaginer un genre nouveau de Spectacle qui ait rapport à la Littérature & à la Musique, sans se servir de la parole ni du chant.

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