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46. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE II. Anecdotes de Théatre.  » pp. 41-71

Un très grand nombre d’Abbés & de Jésuites ont depuis travaillé pour la scéne, dans tous les genres : Lyrique, tragique, comique, pastorale, &c. […] Voltaire, le docteur à la mode, qui fait quelquefois montre de bel esprit, aux dépens du jugement, auroit embouché la plus bruyante trompette, & crié, du ton de son frere Sourdis, dans le Poëme de la Pucelle, Français rougissez de honte, & voyez les judicieux Anglois mettre au nombre de leurs législateurs, un de ces héros que vous condamnez à l’infamie, on l’auroit cru, ou auroit vu suppliques & mémoires présentés au Roi, pour obtenir qu’il fit ouvrir l’Eglise & le Palais aux comédiens, & donner à la nation le glorieux avantage de les compter au nombre des Magistrats & des Chanoines : le Parlement auroit fait des remontrances, le Clergé des mandemens, les arrêts & les excommunications du vieux tems paroîtroient habillées à neuf, les Avocats du bon ton feroient imprimer des factums, les beaux esprits chamailleroient en prose & en vers ; les Gaffés de Paris, & les antichambres de Versailles fairoient passer la cause des foyers aux boutiques, & des boutiques aux halles. […] En France, où les comédiens savans & vertueux sont en très-petit nombre, & où encore moins d’actrices cherchent la célébrité par la régularité des mœurs ; les protecteurs des foyers passent condamnation, & n’ont garde de demander pour leurs protégés, les considérations personnelles ; les gens du bel air, & du bon ton, en France, n’ont pas assez de logique pour d’istinguer l’homme de l’artiste, & la profession du mérite. […] Plusieurs Chevaliers s’en sont honneur, quelques Dames, il est vrai, ont refusé de faire leur cour : ce sont des hiboux qui ne méritent pas d’y être admises ; le grand nombre va de bonne grace admirer, étudier, se former à cette école. […] Le même livre en rapporte un autre du Marquis de Bussi contre la Mereuil ou Lécluse, aussi danseuse de l’opéra, qui lui vouloit donner un enfant qu’elle avoit eu, on ne sait de qui ; il y déclare les manœuvres de cette héroïne pour faire des conquêtes, & voler leurs amans tandis qu’elle se livroit à d’autres, en grand nombre.

47. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE VI. Suite de la Danse. » pp. 140-167

Ce mélange fut applaudi & imité, & depuis ce temps-là les danseuses sont sans nombre, elles dansent toute sorte de danses. […] Les jeunes gens, quoiqu’en petit nombre, s’y laissent quelquefois prendre, & le bal est le médiateur bien suspect & bien dangereux d’un établissement d’où dépend le bonheur ou le malheur de la vie. […] Ces pensées, ces désirs mauvais, ces péchés sans nombre, qui en ont préparé les voies, doivent-ils bien attirer les bénédictions du ciel après le mariage ? […] à la folle joie, à ses courses insensées, à ses transports, à ses péchés sans nombre ? […] Dans le nombre infini qu’on en a donné dans toute l’Europe pendant près d’un siecle qu’a duré leur regne, sur quoi le P.

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