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333. (1733) Theatrum sit ne, vel esse possit schola informandis moribus idonea « Theatrum sit ne, vel esse possit schola, informandis moribus idonea. Oratio,  » pp. -211

Les uns adorateurs passionnés du Theatre fortifioient leur opinion d’une foule de preuves, d’un grand nombre d’exemples, de l’autorité même de plusieurs noms respectés. […] Les uns quoique frapés de toutes parts, & tout couverts de blessures, demeurant maîtres du champ de bataille n’eurent garde d’avoüer leur défaite, si l’on en excepte un petit nombre. […] Car d’où vient, Messieurs, que l’on met la Philosophie & l’Histoire au nombre des plus excellentes Ecoles, si ce n’est parce que celle-là fournit les préceptes, & celle-ci les exemples ? […] Mais quel est, je vous prie, le grand nombre des amateurs du Théatre ? […] N’en est-il point d’autres, (& les voit-on en petit nombre ?)

334. (1694) Lettre d’un Docteur de Sorbonne à une personne de Qualité, sur le sujet de la Comédie « letter » pp. 3-127

Notre Docteur suppose donc faux dans sa conclusion, quand il dit, en parlant des Comédies d’aujourd’hui, « Que selon lui les Comédies de leur nature et prises en elles-mêmes, indépendamment de toute circonstance bonne ou mauvaise, doivent être mises au nombre des choses indifférentes ». […] Et ce grand Homme répond, qu’il est vrai que toutes choses ont été instituées de Dieu, mais qu’elles ont été corrompues par le Démon ; que le fer, par exemple, est autant l’ouvrage de Dieu que les herbes et que les Anges ; que toutefois Dieu n’a pas fait ces créatures pour servir à l’homicide, au poison et à la magie, quoique les hommes les y emploient par leur malice ; et que ce qui rend bien des choses mauvaises, qui de soi seraient indifférentes, c’est la corruption et non pas l’institution. » « D’où, ajoute notre Docteur, en appliquant ce raisonnement à la Comédie, il s’ensuit que considérée en elle-même, elle n’est pas plus mauvaise que les Anges, les herbes et le fer ; mais que c’est le Démon qui la change, l’altère et la gâte. » Après quoi il conclut enfin, « que la Comédie, suivant Tertullien, doit être mise au nombre des actions indifférentes, et que ce n’est pas la condamner que d’en reprendre seulement l’excès comme il a fait». […] Il dit donc que Tertullien, après avoir déclamé contre la Comédie, reconnaît que la Comédie est un ouvrage de Dieu, de même que le fer, les herbes et les Anges ; et que n’étant pas plus mauvaise que les Anges, les herbes et le fer, elle doit être mise au nombre des choses indifférentes. […] N’est-ce pas à dire, selon Tertullien, que de même que l’homicide ne peut être attribué à Dieu comme son ouvrage, quoiqu’il s’exécute par le fer qui est une de ses créatures, ainsi la Comédie ne peut non plus être mise au nombre des ouvrages de Dieu, quoique les voix, les parures, et les autres choses qui entrent dans l’appareil de ce qu’on appelle Comédie, soient toutes au nombre de ses créatures ? […] Les Comédiens doivent donc être mis aujourd’hui au nombre des honnêtes gens ; et ils y sont si bien, que la Comédie ne fait point dégénérer la Noblesse : témoin Floridor, qui fut un des plus grands Comédiens que la France ait eus, qui était né Gentilhomme, et qui dans la recherche de la Noblesse fut reçu à faire preuve de la sienne.»

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