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283. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE II. Théatres de Société. » pp. 30-56

Quel art pour prononcer les grands traits de la nature avec tant d’énergie & de force, pour en distinguer les nuances avec tant de finesse & de vérité ! […] C’est une perle encor naissante, C’est une Syrène touchante, C’est la Minerve des beaux arts, C’est l’ornement de la nature, C’est Héhé, c’est le tendre amour, C’est Vénus avec sa ceinture. […] On crut d’abord que cet évanouissement étoit contrefait, on admiroit l’art qui imitoit si bien la nature ; il ouvrit un moment les yeux sans dire une parole, tomba de son fauteuil, & mourut.

284. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE III. Immodestie des Actrices. » pp. 57-84

Bazile fait leur portrait d’après nature (Serm. du Luxe) : Des femmes lascives, qui ont perdu la crainte de Dieu & secoué le joug de Jesus-Christ, ne faisant aucun cas des feux de l’enfer, méprisant Dieu & les Anges ; elles ôtent avec impudicité de dessus leur tête le voile sacré de la modestie, regardant les hommes avec impudence, couvertes d’habits somptueux, leurs cheveux étalés, l’air dissolu, le ris lascif, leurs pieds dans l’agitation folle de la danse, provoquant l’incontinence, corrompant la jeunesse, souillant l’air par des chants efféminés, la terre par des danses luxurieuses, toujours environnée de libertins, &c. […] On pourroit impunément les heures entieres avoir l’esprit & le cœur attaché à des intrigues amoureuses, toujours souillé par des images, ému par les sentimens les plus vifs, l’imagination toujours remplie de beauté, de plaisir, d’obstacles, de succès, l’oreille frappée de discours galans, & de sons tendres & harmonieux, toute l’ame occupée de situations attendrissantes & délicieuses, & au milieu de tous ces pieges, les objets les plus immodestes continuellement sous les yeux, sans être séduit par l’erreur, & entraîné par la passion, sans apprendre à cette école à mépriser, à braver la pudeur qui retient, la loi qui défend, le remords qui trouble, le péché qui effraie, en entendant cent fois dire & redire, chanter avec grace, débiter avec assurance, déclamer avec feu, exécuter avec goût cette morale anti-chrétienne, si conforme à la nature, canonisée dans le monde, si agréable à un cœur corrompu, qui fait du crime un mérite, de la résistance un ridicule, de la volupté un besoin, de la passion une nécessité ! […] Que vous en êtes éprise, puisque malgré la religion, la raison, la nature, vous ne pouvez vous résoudre à les tenir cachés !

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