Plaute, comique Latin, suivit la manière d’Aristophane ; comme Térence imita celle de Ménandre, dont il ne fut pas, comme on se l’imagine, le simple traducteur : de même qu’aujourd’hui, un Auteur Anglais qui de deux Pièces Françaises, en compose une dans le goût de sa Nation, ne peut être, sans injustice, privé du mérite de l’invention. […] Mais une Nation douce & polie, où chacun se fait un devoir de conformer ses sentimens & ses idées aux mœurs de la Société ; où les préjugés sont des principes ; où les usages sont des loix ; où l’on est condanné à vivre seul, dès qu’on veut vivre pour soi-même ; cette Nation ne doit présenter que des caractères adoucis par les égards, & que des vices palliés par les bienséances. […] On ne conçoit pas même que cette erreur ait pu subsister un instant chez une Nation accoutumée à voir jouer l’Andrienne de Terence, où l’on pleure dès le premier Acte.
Le masque servait aux Anciens, à faire faire à des hommes les Rôles de femmes ; à représenter au naturel les différentes Nations, & quelquefois, comme dans les Pièces d’Aristophane, à jouer, sous leurs propres traits, des personages vivans. […] Cependant plusieurs Acteurs de la Comédie-Italienne sont encore masqués : singularité bizarre, & bien digne du mauvais goût qu’une Nation si spirituelle n’a pas encore su corriger !