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150. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre VI.  » pp. 193-217

Il faut de temps en temps deployer sa robe & avec ses bras étendus, faire comme la roue du Paon, d’où vient le mot se pavaner, s’étaler, se complaire en soi même ; & Bernardin plus severe les compare à la queue des animaux dont parle l’Ecriture ; à la queue du serpent & du scorpion, pleine de venin ; à celles des renards, auxquelles Samson attacha des flambeaux allumés pour bruler la moisson des Philistins ; à celle du dragon de l’Apocalipse, qui en tombant du ciel entraîne avec sa queue la troisieme partie des étoiles, c’est-à-dire, les Anges qu’il a séduit : comme une actrice allume le feu, séduit les cœurs, les entraîne dans ses filets : Va qui trabitis iniquitatem in funiculis. […] Le nom Grec de Syrma, d’ou peut-être est venu le mot de Symarre, en fait connoître l’origine. […] Le mot Hébreu souffre différentes interprétations. […] Le mot d’Arlequin est nouveau, il est venu de la comédie Italienne ; mais ses fonctions & le ridicule de son habit sont très-anciens, & en usage dans toutes les nations, comme le montre Riccoboni, Hist. du Th. […] En ce sens du Conge remarque qu’autrefois on avoit donné aux Anglois ce sobriquet injurieux : Anglo caudatus ; d’où est venu par corruption le mot de Couard, homme lâche.

151. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE III. Suite du Mariage. » pp. 55-79

Elles furent attaquées du côté des mœurs ; mais le Poëte, qui ne s’en embarrassoit guère, se contente de dire dans la préface, que les rieurs ont été de son côté, qu’il y est venu beaucoup de monde, qu’il est assez vengé ; qu’il souhaite le même succès à toutes ses pieces ; & dans la critique, qu’on se rend ridicule par une délicatesse d’honneur qui s’offense de l’ombre des choses ; que celles qui font tant de façons ne sont pas estimées plus femmes de bien, qu’on est ravi de les censurer, que les détournemens de tête, les cachemens de visage (mots singuliers), font dire cent sottises de leur conduite. […] Qu’on anime ainsi les personnages de tous les autres comiques sans exception, les Valère, Lucinde, Sganarelle, Arnolphe, Lubin, Lucas, &c. de Regnard, Monfleury, Poisson, Favart, Dancourt, &c. les Colombine, Pierrot, Isabelle, Mezzetin, Marinette, Arlequin, &c. des Italiens, on ne verra qu’un tas de scélérats, de fourbes, de coquettes, d’adultères, d’effrontées, de jureurs, de frippons, de débauchés, de mauvais fils, de mauvais maris, &c. en un mot, la lie de le scélératesse. […] Il semble même que pendant les quatorze ou quinze ans du règne de la Marquise de Montespan les Comédiens de divers théatres se soient donné le mot pour faire diversion aux scrupules du Roi par une quantité de pieces sur des adultères, où, comme Moliere, on n’en fait qu’un badinage. […] Tous répondent à cette priere pat le mot amen, ainsi soit-il, que l’Église en a emprunté, & toute la fête se passe de la maniere la plus sainte : Cum timore Dei nuptiarum convivium exercebant. […] Les mêmes bons mots, mêmes jeux de théatre, mêmes idées, sentences, morale, intrigue, ressassés de mille manieres, se retrouvent par-tout.

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