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54. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE VII. Suite de l’Indécence. » pp. 138-160

doit-il être fort agréable de les entendre, quand on a des mœurs ? […] Le Saint Esprit, qui dit que les paroles mauvaises corrompent les mœurs, ne parle-t-il que des discours grossiers, que les honnêtes gens n’entendent jamais ? […] La corruption des mœurs leur en ouvrit les portes, & les y fit venir en foule ; mais un reste de décence leur y fit assigner des places distinguées & une entrée différente. […] A Rome le mélange des Comédiens fut inconnu, jusqu’à la dépravation des mœurs ; il augmenta cette dépravation. […] Un sexe dont la pudeur fait la gloire, dont l’immodestie est un poison violent pour les mœurs, étalé aux yeux du public, mêlé avec des hommes, est un monstre d’indécence.

55. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — [Introduction] » pp. 2-9

Mais on cite peu & on écrit encore moins celles qu’il a donne sur la morale qui doit y régner, & qui contribue si fort aux bonnes ou aux mauvaises mœurs. […] Cette alternative sera-t-elle utile aux bonnes mœurs ? […] C’est ce que je n’examine point : mais il est certain qu’on perd du côté des mœurs, si, comme le veut Horace, il étoit le défenseur, le panégyriste, & comme l’apôtre de la vertu. […] Nos poëtes au contraire itrirent les bêtes féroces, justifient leur rage, leur enseignent à nous dévorer, détruisent les murailles des villes, les vrais fondemens de la soclété humaines, les bonnes mœurs : voilà les nouveaux poëtes, les interprêtes des dieux. […] Je ne m’érige point en juge de leurs mœurs ; mais l’expérience ne fait pas leur apologie : ils sont fort heureux quand on peut au moins citer leur pénitence, comme celle de Racine, Quinault, Lafontaine.

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