Dans les unes on s’apperçoit que le Poète par le ou fait agir, au lieu que l’autre est la représentation véritable des mœurs des habitans de la campagne. […] Il est naturel de penser que des peintures champêtres s’offrirent plus aisément à leur imagination, accoutumée à s’y arrêter, que le détail des mœurs des habitans de la ville, qui leur présentait des objets tout-à-fait nouveaux. […] L’image de la simple Nature ne sçaurait arrêter des esprits aussi vifs, aussi frivoles que les nôtres ; on est contraint de chercher à embellir cette image qui doit être si naïve, afin de la faire paraître plus agréable : mais alors nous nous écrions, que ce n’est point là le tableau des mœurs rustiques des Villageois. […] Que le Poète réfléchisse sur les mœurs, les coutumes des gens du Village, il sentira la manière dont il doit les peindre. […] Qu’ils se livrent à une joye aimable, fruit précieux de leurs mœurs innocentes.
Quelle idée a donc le public, quelle idée a-t-il lui-même de cette école des mœurs où la bonne morale est un prodige ? […] On ose dire : Bien des jeunes gens qui ne vont pas au sermon n’auroient aucune idée de bonnes mœurs, s’ils n’alloient au spectacle. Où sont ces jeunes gens qui n’ont aucune idée de bonnes mœurs ? […] On y perdroit bien plutôt qu’on n’y acquerroit les vraies idées des bonnes mœurs. […] Mais le Censeur peut-il répondre des mœurs & de la licence des Acteurs & des Actrices ?