Tous les Ministres qui sont à Dantzic, l’Abbé d’Oliva & quantité d’autres, attirés par la singularité s’y trouvèrent : le panégyrique du Salomon du Nord fut suivi d’un grand repas de soixante-six couverts & d’un bal qui dura jusqu’au lendemain, où sans doute les jeunes Jésuites dansèrent, car il est juste & convenable que celui qui donne le bal en fasse les honneurs ; le lendemain on chanta un Te Deum, on juge bien que la comédie a été aussi de la fête, elle a toujours été usitée dans leurs collèges ; mais je ne sache pas qu’ils y eussent encore donné le bal. […] Un jour Henri ayant appris par les Ministres de ses amours, que les deux Princesses alloient dîner dans une maison de campagne des environs de Verteuil ; il feignit une partie de chasse dans le quartier, se déguisa en valet de pied, prit une livrée, & mit un emplâtre sur son visage, il suivit le carrosse des Princesses, & s’alla mettre à la fenêtre d’une maison voisine pour voir sa maîtresse ; & dès qu’il l’apperçut, lui parla par signe ; la jeune Princesse en fut surprise, se retira brusquement, & en avertit sa belle-mére : celle-ci enflâmée de colère en fit mille reproches au maître de la maison qui l’avoit invitée, & qu’elle crut de la confidence. […] Le Cardinal Mazarin disoit à Dom Louis de Haro, Ministre d’Espagne : vous êtes heureux, vous avez en Espagne deux sortes de femmes, des coquettes en abondance qui ne songent qu’à plaire à leurs galans, & n’écrivent que des poulets ; quelques femmes de bien attachées à leurs maris & à leurs familles, toutes sont sans ambition, n’aiment que le luxe & la vanité. […] Les Duchesses de Longueville & de Chevreuse, la Princesse Palatine seroient capables de renverser dix États ; il est vrai, répondit le Ministre Espagnol, que je suis fort heureux que les femmes ne se mêlent point eu Esp gne des affaires d’État, elles y gâteroient tout, comme elles font en France ; c’est une des raisons pour lesquelles on les tient si enfermées, la raison d’État y a autant de part que la jalousie. […] Rien de plus comique que la Reine régente & le premier Ministre faire la Cour à cette créature, & le Gouverneur traîné en lesse adorer ses charmes ; la Clairon n’en a pas tant fait, elle jouoit assez bien son rôle, sur-tout pour ses intérêts ; car avec toutes ses ridicules scènes elle fit une fortune de deux millions, tout s’évanouit à la mort de son amant ; les héritiers du Duc ne se firent aucun scrupule de la dépouiller de tout, prétendant qu’ils ne faisoient que reprendre leur bien, elle rentra dans la poussière d’où le vice l’avoit tirée.
D’abord, Monsieur, et avant que d’entamer la discussion sur le théâtre et les bals, vous parlez de l’influence qu’exerce un ministre du culte à raison de son caractère et du talent plus ou moins distingué avec lequel un sujet est traité. […] Je suis trop respectueux pour jamais croire que des paroles obscènes soient tolérées sur le théâtre de Sa Majesté ; au reste je renvoie votre compliment au ministre de la maison du Roi : il ne m’appartient pas de l’accepter. […] C’est le fils aîné de l’église qui a rendu cette ordonnance et elle est contresignée par Mgr. le comte de Corbière, un des ministres qui protègent le plus notre sainte religion.