Mais le plus grand, le meilleur moyen de réformation serait que les auteurs dramatiques, qui ont l’air depuis Molière à ces poltrons qui poursuivent des ennemis en fuite, ou cachés, et n’osent attaquer ceux qui font volte-face, fussent bien convaincus, enfin, qu’au lieu de harceler sans cessé directement ou indirectement les deux premières écoles, ils feraient beaucoup mieux de déployer leur talent et concerter leurs efforts avec ceux du reste de ces écoles, contre la dernière, jusqu’à ce qu’ils soient parvenus, sinon à la détruire, à l’affaiblir, ou la décrier au point que ses disciples, poursuivis, désarçonnés à leur tour et abandonnés surtout de leurs hommes marquants, qui leur servent d’autorité et de point de ralliement (ce qui doit être aujourd’hui un résultat de l’exemple seul de notre vertueux roi), soient forcés enfin, contre l’ordinaire, de chercher une retraite, d’aller se cacher dans la seconde école, d’où il sera ensuite d’autant plus raisonnable d’espérer pouvoir les diriger vers la première, qu’il n’y aura plus à choisir alors entre se réformer et se livrer à de plus grands excès. […] On y voit quelque chose de précieux par dessus tout : on y voit que les passions seraient le plus sagement contenues ; que les goûts dépravés, que toutes les licences corruptrices, seraient le plus rigoureusement réprimés ; que les fables dangereuses, bien que piquantes, comiques ou pathétique seraient rejetées, et, par conséquent, que la morale pourra être mise en sûreté ; sans que les sociétaires et autres bien intentionnés puissent avoir à se plaindre, puisque la censure sera exercée dans la meilleure forme possible, par leurs pairs assemblés ; lesquels pourraient aussi mieux apprécier alors cet axiome : Naturam repellas furcâ, usque tamen recurret ; et faire une plus sage ou plus profitable distinction, 1° entre les vices inexpugnables de nature, qu’on ne peut que contenir, et les vices de civilisation qu’il faut combattre franchement, comme le courageux Alceste le fait dans les faquins et les intrigants, qu’il désigne ; 2° entre les travers d’esprit, les ridicules et les préjugés susceptibles d’être corrigés actuellement par le théâtre, et ceux qui doivent être encore respectés, ou corrigés par des moyens plus doux, à cause de leur adhérence à des parties délicates de la morale, à des vertus que l’action trop violente ou trop prolongée du premier remède détruirait avec eux.
Renaudot sur le père de la Gazette, il a eu la postérité la plus nombreuse dans le nombre infini de feuilles périodiques qui sont comme les branches de cet arbre ; ces conférences en étoient une où il traitoit régulièrement quelque question : dans la conférence 103 il fait l’apologie du fard pour plaïre aux femmes, ce sont les malades les plus utiles, elles le sont fréquemment, leurs maladies sont légères ; il faut plus d’amusement que de science, un Médecin gazetier est le meilleur hypocrate, il prétend prouver que l’usage du fard est légitime, il dit quelque raison pour le condamner, mais si foiblement qu’on voit qu’il n’a pas voulu que soigner les malades : on jugera par ses raisons du caractère de son esprit, & de celui de son siècle. […] Après cette brillante apologie, le Médecin gazetier fait un traité du fard qu’il croit une partie essentielle de la Médecine appelée cosmétique qui consiste comme toutes les autres à ôter le superflu & ajouter ce qui manque, à retablir la déperdition de notre triple substance, à faire la régénération des chairs consommées, la réunion des parties disjointes par la solution de continuité, & réduire à une meilleure conformation les dépravations d’icelles , &c.