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88. (1767) Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs « Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs — TROISIEME PARTIE. Des obstacles qui s’opposent parmi nous à la perfection de la Comédie. » pp. 57-75

Qu’on ne dise pas que les hommes ayant toujours été les mêmes dans tous les temps, il est inutile de leur donner des leçons dont il est certain qu’ils ne profiteront pas ; car malgré la corruption générale, il est toujours des ames disposées à goûter les maximes de la sagesse ; & quand la Comédie ne corrigeroit les mœurs que de quelques particuliers, elle n’auroit pas perdu son temps. […] Je souhaiterois qu’ils retournassent les mêmes maximes de cent façons différentes, jusqu’à ce qu’enfin ils eussent trouvé la maniere la plus propre à faire impression ; & peut-être y parviendroient-ils.

89. (1759) Lettre sur la comédie pp. 1-20

Guidé par la Foi, ce flambeau éternel devant qui toutes les lueurs du temps disparoissent, devant qui s’évanouissent toutes les rêveries sublimes & profondes de nos foibles Esprits-forts, ainsi que toute l’importance & la gloriole du bel-esprit, je vois, sans nuage & sans enthousiasme, que les Loix sacrées de l’Evangile & les maximes de la Morale profane, le Sanctuaire & le Théâtre sont des objets absolument inalliables. […] Tel est le malheur attaché à la Poésie, cet Art si dangereux, dont l’Histoire est beaucoup plus la liste des fautes célèbres & des regrets tardifs, que celle des succès sans honte & de la gloire sans remords : tel est l’écueil presque inévitable, sur-tout dans les délires de la jeunesse ; on se laisse entraîner à établir des principes qu’on n’a point ; un vers brillant décide d’une maxime hardie, scandaleuse, extravagante : l’idée est téméraire, le trait est impie, n’importe, le vers est heureux, sonore, éblouissant, on ne peut le sacrifier, on ne veut que briller, on parle contre ce qu’on croit, & la vanité des mots l’emporte sur la vérité des choses.

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