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32. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — [Introduction] » pp. 2-10

Il se fait plusieurs mariages sans vraisemblance, & contre les bonnes mœurs, dans un pays où la religion est respectée, & que favorise un chevalier qu’on dit homme de bien, zélé pour la pureté ; toutes les intrigues amoureuses, la plupart mal assorties & burlesques, sont applaudies & protégées, & se terminent, comme sur le théâtre, par un mariage de libertinage ; des filles séduites, enlevées, des héros avec des laquais & des paysans se couvrent d’un voile, comme Didon dans la caverne, conjugium vocat hoc pretexit nomine culpam , contre la volonté des parens, avec des gens au-dessous d’elles : ce qu’on ne peut reprocher à Didon. Témoin ce mariage de Basile, qu’un curé imbécile ou prévaricateur bénit cavalierement sur un grand chemin, sans formalité, sans préparation, sans consulter les parens, parce que l’amant fait semblant de se tuer, quoiqu’il connoisse la fraude, avec une fille fiancée à un autre qui a fait à grands frais tous les préparatifs de la noce, & la conduit à l’autel pour l’épouser.

33. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre IV. Maurice de Saxe. » pp. 118-145

La Marquise se trompe sur le mariage de Maurice, & il la confirme dans son erreur par sa réponse peu galante. Maurice fut marié, mais peu de temps : il rompit son mariage par l’adultere & le divorce. […] Non-seulement un nombre infini de mariages seroient rompus tous les jours, mais il n’en est point qui ne pût l’être, si l’infidélité étoit un moyen légitime de dissolution. […] Le roi de Prusse, qui, dans son code, pour quatorze raisons de dissolution, nommément pour celle de l’adultere, a rendu le mariage de tous les contrats le plus incertain & le plus fragile, ménage aussi peu le bien public que la religion. […] Prenez avec vous des témoins & des magistrats, faites-en dresser procès-verbal, que vous présenterez au juge ; demandez la dissolution du mariage, j’y consentirai : nous voilà libres.

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