Si nos petits-Maîtres n’ont pas moins de confiance dans leur esprit, dans leurs manières que du temps de Molière, au moins savent-ils que les femmes les trouvent très sots quand ils le laissent entrevoir, que ce n’est pas un moyen de plaire que de faire comme on faisait autrefois l’éloge perpétuel de sa figure et de son ajustement, qu’un moyen sûr de révolter le Sexe contre eux serait d’imiter les Mascarilles de Molière, en faisant à tous propos l’énumération de ses conquêtes. […] Au surplus ce qu’Arlequin Sauvage dit des nations civilisées n’est ni singulier ni nouveau, mais il est sage et naturel ; ce sont des idées exprimées très anciennement, vous les retrouverez dans les Livres Sacrés et dans ceux des Philosophes : elles sont présentées d’une manière sinon édifiante du moins plus agréable, et c’est par l’agrément que le spectacle unit à la morale qu’il fait quelquefois dans le cœur des hommes une réformation que la Religion ni la philosophie n’ont pu faire. […] La charge ne consiste effectivement que dans le laps de temps dont la brièveté ne laisse pas supposer l’assemblage actuel d’un si grand nombre d’incidents, mais elle n’est pas capable d’altérer la vérité des traits ; c’est au contraire l’assemblage de ces traits vifs et vrais qui rend le tableau plus frappant, et qui force le spectateur d’apercevoir les inconvénients du Vice ou du ridicule que l’on joue : comment donc voulez-vous que cette manière d’instruire soit capable d’entretenir le Vice au lieu de le corriger et que le cœur des méchants en tire parti ?
Vous prétendez que j’ai voulu faire des dupes, lorsque j’ai avancé que les pères y avaient dansé ; vous trouvez trop fort de faire danser des vieillards de soixante-dix et quatre-vingt ans, vous comparez avec malice les pères du concile « aux impotens que renferment les hôpitaux des deux hémisphères » et vous croyez triompher en assurant que je n’ai pas la moindre idée de la manière dont les conciles étaient composés.