Ces malheurs ne sont pas rares, en voilà plusieurs depuis peu d’années, ces morts sont affreuses ; mais qui pense à ce qu’elles ont de plus affreux ? […] Passer du théatre au jugement de Dieu, de l’opéra à l’éternité, peut-il être de plus grand malheur ? Je n’entre point dans le secret des Jugemens de Dieu, qui punit ainsi le pécheur, mais je dois profiter des avis & des exemples terribles que sa miséricorde nous donne dans le malheur de nos semblables.
C’en serait assez pour les bannir à jamais, puisque ce malheur y fut toujours inévitable ; mais il s’en faut bien que chez eux ni chez nous ces bornes même soient longtemps respectées. […] Ses crimes sont montés jusqu’au ciel ; qu’elle soit aussi profondément confondue qu’elle s’est impérieusement élevée ; que ses tourments répondent à ses délices, sa misère à son opulence, ses larmes à sa joie profane, son désespoir à sa présomption : « Quantum in deliciis fuit, tantum date illi tormenta. » Tous les peuples, saisis d’étonnement, s’écrieront : Malheur, malheur à vous, infâme prostituée, si fière de vos attraits, de vos talents, de vos parures, de votre gloire, de votre volupté ; dans un moment vous ne serez plus.