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197. (1742) VIII. Conférence. De la Comédie, contraire aux promesses du Batême [Conférences théologiques et morales, IV] « X. Conference sur les sacremens. » pp. 223-247

Gens de considération & de toute sorte d’états sont dans l’habitude d’y aller, sans prétendre commetre le moindre mal. […] Mais on pourroit leur en opposer d’autres d’une aussi grande considération, qui n’en ont pas pensé aussi mal. […] On permet la comédie dans des Etats Chrétiens, de même qu’on n’y empêche pas, mais qu’on y tolére certains maux, pour en éviter d’autres encore plus grands ; c’est-à-dire, par force & bien à contre-cœur. […] Suivre le monde & se conformer à la coutume, c’est suivre un mauvais guide ; puisque c’est cette coutume qui perd tous ceux qui ont le malheur de se perdre ; & que faire le mal, parcequ’on le voit faire aux autres, c’est consentir à sa propre condamnation ; parceque les autres ont coutume de la damner. […] Quand une jeunesse plus facile au mal qu’au bien, fréquente ces lieux dangereux où tout sollicite au péché, elle ne tarde guéres à s’y laisser corrompre.

198. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre I. Continuation des Mêlanges. » pp. 7-31

Il n’eût pas mal fait, comme le Dante, de l’intituler Comédie. […] Mais ce qui est inexcusable, ce sont les hérésies qu’il y seme, non à dessein, mais pour vouloir traiter poëtiquement des vérités sublimes, bien supérieures au langage du Parnasse, qui ne peut que les défigurer, & que son traducteur, moins théologien que lui, a mal rendu. […] Une pareille idée ne m’est jamais venue, & je ne saurois l’adopter : le vice couronné familiarise avec l’idée du crime, & l’exemple persuade bien plus éloquemment & avec plus de force, que les exhortations ne portent à la vertu : elles arrivent toujours trop tard, quand le mal est fait. […] Il vaudroit mieux pour l’instruction changer le mal en bien, que de travestir le bien en mal. […] Le remede seroit pire que le mal.

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