Je ne sais quel intérêt pouvaient avoir les Grecs à frapper les esprits du système de la fatalité ; mais il est certain qu’ils faisaient de l’homme un instrument aveugle dans la main des destinées. […] Imaginons pour un moment qu’un Auteur dans un seul ouvrage, ait voulu attaquer tous les vices de son siècle, et mettre le fléau de la satire dans la main de l’un de ses Acteurs. […] Non, sans doute, lui répondrai-je ; mais supposons que votre fils ne soit pas naturellement pervers, qu’il soit né bon comme tous les hommes, son bonheur et sa vertu sont dans vos mains : plus son âme sera attendrie, et plus vous la trouverez docile ? […] Il a pleuré ses égarements, son cœur s’est dilaté au moment du pardon, il a baisé avec Euphémon la main de sa vertueuse amante : voilà donc les circonstances que vous prétendez qu’il oublie, pour ne conserver que l’impression : de quoi ? […] Racine crayonnait de la même main le caractère divin de Burrhus, et le caractère infernal de Narcisse.
Si ton pied, ta main, ou ton œil te scandalisent, couppe les, arrache les, & jette les loin de toy : pour nous apprendre qu’il nous faut separer des personnes qui nous sont occasion de peché, quoyqu’elles nous fussent aussy necessaires que l’œil, la main, ou le pied le sont au service de l’homme.