Les Poètes qui ont retranché Créon de cette Tragedie n’ont pas senti de quelle importance était ce personnage, sans lequel ils ne peuvent suivre la maxime généralement embrassée et établie par les premiers Maîtres de l’art : ils prétendent, ces Maîtres (mais en ce point je ne sais si leur avis est bien sûr) ils prétendent, dis-je ; que lorsque le Héros de la Pièce doit succomber à une infortune qu’il n’a pas méritée, il faut adroitement mettre des bornes à la compassion des Spectateurs, en la diminuant par quelque trait qui donnent atteinte ou à la vertu, ou au caractère de ce personnage.
Ce qui est de plus déplorable en cette matiere, c’est que les Poëtes sont maîtres des passions qu’ils traitent ; mais ils ne le sont pas de celles qu’ils ont ainsi émues. […] de Fenelon ; & afin qu’on n’attribue pas cette opinion à un préjugé d’une Philosophie cynique, on va citer les Historiographes & les maîtres de l’art. […] Monsieur, lui dit Racine, sans cela qu’auroient dit nos petits maîtres ? […] Et si elles ont bonne grace, vous n’aurez même que faire de maîtres à danser, pour leur en faire avoir. […] Les Dames en régentent les maîtres d’école.