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25. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre II. De l’Opéra-Sérieux. » pp. 184-251

Tout le monde sait que les Tragédies des Grecs étaient mêlées de chants & de danses. […] Je trouve que dans l’onzième & douzième siècle, la musique était toujours mêlée à la déclamation. […] Les prémiers Opéras-Sérieux étaient mêlés de Bouffonneries. […] On nous vante envain les sujets tragiques, c’est-à-dire tirés de l’Histoire ; je soutiens que l’Opéra-Sérieux doit les employer rarement, ou les mêler de quelque chose de fabuleux. […] Ai-je besoin de faire observer qu’on appelle divertissemens les danses des Opéras-Balets, & qu’on donne plus particulèrement le nom de Fêtes à celles qui sont mêlées dans l’action des Opéras-Tragédies.

26. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre III. Aveux importans. » pp. 83-110

Elles n’oublient rien pour se conserver l’air de jeunesse, elles veulent tromper les hommes, & je ne sais si elles n’espèrent pas de tromper la mort, elles veulent toujours être l’objet de l’amour des hommes, afin d’avoir part à tous les plaisirs quand la vieillesse a répandu ses caractères sur leur tein, elles tirent le rideau dessus pour la rendre invisible ; vous les voyez ces femmes idolâtres du monde & de la volupté ensevelir leurs têtes sous un amas de poudre pour confondre la blancheur de leurs cheveux avec cette blancheur étrangère ; elles comblent avec du fard les enfoncemens de leur visage, elles ombragent les rides de leur front avec des boucles, des rubans, des dentelles ; ce qu’elles font de plus prudent, c’est d’embaumer leur corps avec des parfums pour arrêter l’odeur qui sort de leur cadavre : dans cet équipage elles se mêlent dans toutes les sociétés, dans toutes les parties, au bal, à la comédie, elles y tremblent de foiblesse, à peine distinguent-elles les couleurs, après avoir été les idoles du monde, elles le châtient des crimes qu’elles lui ont fait commettre ; ce sont des spectres qui le poursuivent, il les fuit, il en a horreur. […] Pierre Viret étoit habile, éloquent, grand Orateur pour le temps, laborieux, Ecrivain, a fait berucoup d’ouvrages, & donné entr’autres un corps de morale considérable en dialogue, où il explique les commandemens de Dieu, l’oraison dominicale, & le symbole des Apôtres ; sa morale est pure, & même sévère, ce qui lui donna du crédit, ce livre seroit utile s’il se fût borné à la morale, mais il y a mêlé toutes les erreurs de sa secte, son langage gothique a de la force, & lui acquit une réputation singulière ; on ne parloit pas mieux alors ; il pensoit comme les Catholiques sur la danse, le fard, le luxe, le jeu ; en voici quelques traits sur le sixième commandement dans le style marotique du temps. […] Voilà ce qui fait sa vogue, la même pièce sur tout autre sujet sans y mêler la dévotion, seroit très-médiocre. […] Mais qu’attendre d’une femme qui se mêle d’écrire ? […] Un autre délire de Madame de Gomez, Auteur de ces bagatelles, est de se mêler des affaires ecclésiastiques.

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